Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/129

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placer sur les ailes. Je suis bien sûr que si nous avions fait ainsi à Kilsythe, au lieu d’avoir notre poignée de chevaux sur les flancs, la première décharge les aurait rejetés sur nos montagnards. Mais j’entends les tymbales. »

Tous dirigèrent leurs regards vers le bas de la tour, du haut de laquelle on distinguait dans le lointain le lit de la rivière. La tour de Tillietudlem s’élevait et s’élève peut-être encore sur l’angle d’une rive escarpée, formée par la jonction d’un large ruisseau et de la rivière de la Clyde[1] ; il y avait un pont étroit, d’une seule arche, sur le ruisseau, près de l’embouchure ; la grande route passait sur ce pont, au pied d’une roche escarpée ; le fort, dominant le pont et le passage, avait été, en temps de guerre, un poste de grande importance, dont la possession était nécessaire pour assurer la communication des districts plus élevés et plus sauvages de la contrée avec ceux qui étaient situés au-dessous, dans la vallée, plus susceptible de culture. En portant la vue en bas, on découvrait un riche pays boisé, mais le terrain uni et les pentes douces près de la rivière présentaient des champs cultivés de forme irrégulière, entremêlés de rangées d’arbrisseaux taillés en espalier, et de groupes d’arbres touffus. Ce qui formait la séparation de chaque enclos paraissait avoir été pris sur la forêt qui les entourait, et qui couvrait de ses sombres masses les pentes escarpées et les collines lointaines. La source, dont la couleur était d’un brun clair et brillant, semblable à la teinte des pierres de Cairngorm, roulait avec rapidité ses eaux sinueuses, tantôt visibles, tantôt cachées par les arbres qui couvraient ses rives. Les paysans avaient, en plusieurs endroits, montré une prévoyance inconnue dans les autres parties de l’Écosse, en plantant des vergers autour de leurs chaumières, et l’aspect des fleurs dont les pommiers étaient alors entièrement couverts, donnait à toute la perspective du vallon l’apparence d’un parterre.

En portant la vue vers le haut de la rivière, la scène changeait considérablement. Une contrée montagneuse, aride et sans culture, s’avançait jusqu’à la rive ; les arbres étaient rares et se bornaient au voisinage de la source ; les marais incultes augmentaient à peu de distance, et formaient des collines lourdes et informes, couronnées à leur tour par une rangée de hautes montagnes qu’on

  1. Le château de Tillietudlem est imaginaire, dit Walter Scott : mais, ajoute-t-il, les ruines du château de Craignethan, situé sur le Nethan, à environ trois milles de sa jonction avec la Clyde, ont beaucoup de ressemblance avec la description ci-dessus. a. m.