Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/130

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apercevait faiblement à l’horizon. Ainsi, la tour présentait deux perspectives : l’une, richement ornée et animée par une culture active ; l’autre, offrant toute la tristesse d’une bruyère sauvage et inhospitalière.

Les yeux des spectateurs étaient alors attachés sur le vallon, non seulement à cause du spectacle ravissant qu’il présentait, mais parce que le son de la musique militaire commençait à se faire entendre sur la grande route qui serpentait dans la vallée, et annonçait l’approche du corps de cavalerie attendu. Bientôt on aperçut de loin ses rangs mobiles, ils paraissaient et disparaissaient, selon que les arbres et les sinuosités de la route les rendaient visibles : on les distinguait principalement par les jets de lumière qui reflétaient çà et là les rayons du soleil. Le cortège était long et imposant ; car il y avait deux cent cinquante cavaliers en marche, et le brillant des sabres, l’ondulation des bannières, joints au son des trompettes et des tymbales, produisaient un effet imposant sur l’imagination. À mesure qu’ils avançaient, on pouvait distinguer les rangs de cette troupe d’élite, complètement équipée et admirablement montée.

« Ce coup d’œil me rajeunit de trente ans, dit le vieux cavalier, et cependant je n’aime pas beaucoup le service que sont obligés de faire ces pauvres garçons, quoique j’aie eu ma part dans la guerre civile. Je ne puis dire que j’aie éprouvé autant de plaisir dans cette espèce de service que j’en ressentis lorsque j’étais employé sur le continent ; au moins nous hachions des gaillards à figures étrangères et à jargon inintelligible. Il est dur de s’entendre demander quartier en langue écossaise, et d’être contraint de massacrer un compatriote comme on sabre un Français criant miséricorde. Les voilà qui viennent à travers les marais de Netherwood. En vérité, ce sont de beaux gaillards bien montés ! Celui qui vient au galop doit être Claverhouse lui-même ; oui, il se met à la tête de la colonne pour traverser le pont, et ils seront près de nous en moins de cinq minutes. »

En arrivant au pont au-dessous de la tour, la cavalerie se sépara, et la plus grande partie, s’avançant sur la rive gauche et traversant un gué qui se trouvait un peu plus haut, prit le chemin de ce qu’on appelait la métairie. C’était une grande réunion de fermes dépendantes du château, et où lady Marguerite avait fait faire des préparatifs pour recevoir convenablement le corps de cavalerie. Les officiers seuls, avec leur étendard et une escorte pour le gar-