Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/226

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voie adopter des mesures contre lesquelles ma conscience se révolte. Mais jamais je ne me prêterai, jamais je ne consentirai au meurtre de celui qui demande quartier, ou à des exécutions sans jugement préalable : et vous pouvez compter que je m’y opposerai de toute la force de mon âme et de mon bras, avec le même courage que je déploierai contre nos ennemis. »

Balfour fit un geste d’impatience.

« Tu verras, mon fils, dit-il, que la génération obstinée et au cœur dur à laquelle nous avons affaire doit être châtiée avec des scorpions, jusqu’à ce qu’elle s’humilie et qu’elle se soumette à la punition de son iniquité. Voici la parole qui a été prononcée contre elle : « Je ferai lever sur vous un glaive qui vengera mon Covenant !… » Mais en tout nous agirons avec prudence et réflexion, comme le fit James Melvin qui exécuta le jugement sur le tyran et l’oppresseur, sur le cardinal Beaton. — Je vous avoue, répondit Morton, que j’ai encore plus d’horreur d’une cruauté préméditée que d’un meurtre commis dans l’emportement du zèle et de la vengeance. — Tu n’es qu’un jeune homme ! reprit Balfour, et tu ne sais pas encore combien sont légères dans la balance quelques gouttes de sang, auprès du poids et de l’importance de ce grand témoignage national. Mais rassure-toi ; tu auras voix au conseil sur ces matières, et j’espère qu’elles nous donneront rarement sujet de différer d’avis. »

Avec cette assurance pour l’avenir, Morton fut forcé de se contenter de l’état de choses actuel, et Burley le quitta en l’engageant à prendre quelque repos, car l’armée se mettrait sans doute en marche au point du jour.

« Et vous, lui dit Morton, n’allez-vous point vous reposer aussi ? — Non, dit Burley, mes yeux ne doivent pas encore connaître le sommeil, cette affaire est de la plus haute importance, il s’agit de choisir les membres du nouveau conseil, et je vous appellerai demain matin pour assister à la délibération. »

Il s’éloigna, laissant Morton se livrer au repos.

L’endroit où se trouvait ce dernier était assez convenable pour dormir, car c’était un enfoncement dans le roc, bien abrité contre le vent. Une grande quantité de mousse dont la terre était couverte lui offrait un coucher assez doux pour un homme accablé, comme il l’était, de fatigue et d’inquiétude. Morton, s’enveloppant dans son manteau qu’il avait conservé, s’étendit par terre, et avant qu’il pût s’abandonner à de longues réflexions