Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/248

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manière dont ils approchaient des fortifications ; mais l’honneur devait en grande partie en revenir au jeune officier qui les commandait avec tant de présence d’esprit et d’intelligence, et qui montrait autant d’adresse pour protéger les siens que de valeur pour inquiéter l’ennemi.

Il enjoignit plus d’une fois à sa troupe de tirer principalement sur les habits rouges, et de ménager les autres défenseurs du château, surtout d’épargner les jours du vieux major, qui s’exposa à plusieurs reprises avec une intrépidité qui, sans une telle générosité de la part de l’ennemi, lui eût été fatale. Un faible feu de mousqueterie se faisait entendre sur la montagne escarpée que dominait le château. Les tireurs avançaient de buisson en buisson, de rocher en rocher, d’arbre en arbre, s’aidant des branches et des racines, et luttant à la fois contre les désavantages du terrain et contre le feu des ennemis. Enfin ils atteignirent une position d’où leur feu plongeait à découvert dans la barricade. Burley, profitant de la confusion que cette diversion jetait au milieu des assiégés, l’attaqua aussitôt de front avec la même fureur, la même impétuosité qu’il avait attaqué la première ; mais on lui opposa moins de résistance ; car les assiégés étaient alarmés des progrès qu’avaient faits les insurgés en tournant leur position. Déterminé à profiter de cet avantage, Burley, une hache d’armes à la main, les poursuivit jusque dans la troisième et dernière barricade, et s’y jeta avec eux.

« Tuez ! tuez ! point de quartier aux ennemis de Dieu et de son peuple ! point de quartier ! le château est à nous ! » s’écriait-il pour encourager les siens. Les plus déterminés se joignirent à lui, tandis que les autres, avec des haches, des pioches et d’autres outils, abattirent et coupèrent des arbres, travaillant avec ardeur à établir dans la seconde barricade un retranchement qui pût les mettre à même de la conserver, dans le cas où le château ne serait pas emporté par ce coup de main.

Lord Evandale ne pouvant contenir plus long-temps son impatience, chargea avec quelques hommes que l’on avait tenus comme en réserve dans la cour du château ; et, portant son bras en écharpe, il les encourageait du geste et de la voix à secourir leurs compagnons qui étaient aux prises avec Burley. Les soldats, animés par la voix et la présence de lord Evandale, se battaient avec rage, compensant l’infériorité de leur nombre par une plus grande adresse et par leur position élevée, qu’ils défendaient en désespérés,