Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/249

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avec des piques, des hallebardes, la crosse de leurs carabines et la pointe de leurs sabres. Ceux qui étaient dans l’intérieur du château tâchaient de les secourir dès qu’ils pouvaient pointer les pièces de façon à tirer sur les assiégés sans danger pour leurs amis, tandis que les tireurs de Morton, rôdant à l’entour, faisaient un feu continuel sur tout ce qui paraissait sur les fortifications. Le château était enveloppé d’un nuage de fumée, et les rochers retentissaient des cris des combattants. Au milieu de cette scène de confusion, un singulier hasard faillit mettre l’ennemi en possession de la forteresse.

Cuddie Headrigg s’était avancé avec les tireurs ; comme il connaissait parfaitement tous les rochers et tous les buissons des environs du château, où il avait si souvent cueilli la noisette avec Jenny Dennison, il pouvait aller plus loin et avec moins de danger que la plupart de ses camarades : trois ou quatre cependant le suivirent de près. Mais Cuddie, quoique ne manquant pas de courage, ne cherchait nullement le danger pour le plaisir de s’y exposer, ni la gloire qui en résulte. Il n’avait donc pas, tout en avançant, saisi, comme dit le proverbe, le taureau par les cornes, ni marché directement au feu de l’ennemi. Au contraire, il s’était éloigné peu à peu du théâtre de l’action ; et continuant à gravir vers la gauche, il arriva enfin en face du château, mais du côté opposé à celui où l’on se battait, et dont les défenseurs ne s’étaient pas occupés, comptant sur la profondeur du précipice. Il y avait pourtant de ce côté une certaine fenêtre de l’office, près de laquelle s’élevait un certain if qui avait poussé sur la pente rapide d’un rocher. C’était par là qu’avait passé Goose Gibbie quand il était sorti en fraude du château pour porter à Charnwood la lettre d’Édith ; et ce passage avait sans doute favorisé bien d’autres genres de contrebande. « Voilà un endroit qui m’est connu, » dit Cuddie à un de ses compagnons en s’appuyant sur son fusil et en regardant la fenêtre ; « combien de fois n’ai-je pas aidé Jenny Dennison à en descendre, et n’y ai-je pas moi-même grimpé pour aller m’amuser un peu, quand la journée était finie ! — Et qui nous empêche d’y grimper encore ? » lui répondit son camarade, qui était un jeune homme vif et entreprenant. — « Ce ne serait pas bien difficile, si on voulait s’en donner la peine, répondit Cuddie ; mais une fois entrés, que ferons-nous ? — Nous serons maîtres du château, reprit l’autre ; car nous voilà cinq ou six, et tout leur monde est occupé à défendre les palissades. — Eh bien ! soit, dit