Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/303

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le cœur leur manquait à l’approche soudaine d’un danger contre lequel ils avaient négligé de se prémunir lorsqu’il était encore éloigné. On parvint cependant à mettre ces troupes en ligne avec quelque régularité, et elles présentèrent encore l’apparence d’une armée. Leurs chefs purent donc espérer que quelque circonstance favorable ranimerait leur courage.

Kettledrummle, Poundtext, Macbriar, et d’autres prédicateurs, se donnaient beaucoup de mouvement pour faire entonner un psaume ; mais les superstitieux remarquèrent, comme un mauvais présage, que leur chant de jubilation et de triomphe se changea en un chant de consternation, et ressemblait plutôt aux psaumes de la pénitence récités sur l’échafaud d’un criminel, qu’au cantique d’allégresse qui avait retenti sur la bruyère sauvage de Loudon-Hill en anticipation de la victoire de cette mémorable journée. Cette mélodie mélancolique reçut bientôt un accompagnement plus triste encore : les troupes royales poussèrent des cris de joie, les montagnards des hurlements, et le canon commença à gronder sur l’une des rives de la Clyde, tandis que le feu de la mousqueterie retentissait sur l’une et sur l’autre. En peu d’instants, le pont et la rivière furent enveloppés d’épais tourbillons de fumée.






CHAPITRE XXXII.

la déroute.


De même que vous avez vu la pluie se précipiter du ciel, ou les flèches lancées par les arcs, ainsi vous auriez vu les Écossais tomber à terre : ils étaient étendus morts dans la plaine.
Vieille Ballade.


Avant que Morton et Burley eussent atteint le poste qu’il s’agissait de défendre, l’ennemi en avait commencé l’attaque avec vigueur. Les deux régiments des gardes à pied, formés en colonne serrée, marchèrent vers la Clyde ; l’un, se déployant sur la rive droite, commença un feu meurtrier contre ceux qui défendaient le pont, pendant que l’autre s’avançait pour l’enlever. Les insurgés soutinrent l’attaque avec beaucoup de sang-froid et d’intrépidité ; et pendant qu’une partie d’entre eux répondait à la mousqueterie des royalistes, le reste dirigeait un feu bien nourri sur le pont même et sur toutes les avenues par lesquelles l’ennemi tentait d’en approcher. Celui-ci, quoique perdant beaucoup de