Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/50

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patienter de leur insolence, « nous sommes tous ici de paisibles et fidèles sujets du roi, attirés dans ce lieu par le plaisir ; j’ai donc le droit d’espérer que nous ne serons pas troublés par qui que ce soit, comme vient de l’être ce monsieur. »

Bothwell se disposait à répondre vivement, mais Holliday lui rappela bas à l’oreille, que les soldats avaient reçu l’injonction formelle de n’insulter aucune des personnes qui s’étaient rendues à la revue par les ordres du conseil. Cependant Bothwell, lançant à Morton un regard arrogant et fier : « Ne craignez rien, monsieur le capitaine du Perroquet, je ne troublerai point votre règne qui doit se terminer à minuit. Holliday, » continua-t-il en s’adressant à son compagnon, « ces messieurs sont en vérité fort plaisants. Quel fracas, quel bruit pour avoir tiré au blanc ! Je ne connais pas de femmes ou d’enfants qui ne pussent les imiter après un jour d’exercice. Si maintenant ce prétendu capitaine, ou quelqu’un de sa troupe, voulait au moins essayer une botte pour une pièce d’or, au premier sang, soit à l’épée, soit à l’espadon, soit à la brette, soit au poignard, il y aurait du courage au moins… Encore si ces faquins consentaient à lutter, à jeter la barre, ou la pierre, ou l’essieu ! Mais, » ajouta-t-il en touchant avec le pied le bout de l’épée de Morton, « ils portent sur eux des armes dont ils craindraient de faire usage. »

La patience et la prudence de Morton l’abandonnèrent alors entièrement, et il se disposait à faire à Bothwell la réponse que ses insolentes observations méritaient, lorsque l’étranger s’avança.

« Ceci est ma propre affaire, dit-il ; et au nom de la bonne cause, je viderai moi-même cette querelle. Écoute, l’ami, cria-t-il au sergent, te sens-tu disposé à lutter avec moi ? — Sans doute, sans doute, mon bien-aimé, répondit Bothwell ; oui, je veux m’essayer avec toi, à qui de nous deux touchera la terre. — Puisse ta chute servir de leçon à tous les insolents tels que toi ! répondit l’étranger. Ma confiance est tout entière en celui à qui rien n’est impossible. »

En prononçant ces mots, il dépouilla ses épaules du grossier habit gris qui les recouvrait, et, étendant d’un air ferme et déterminé ses membres charnus et robustes, il se présenta à son ennemi. Celui-ci que la stature musculeuse, la large poitrine, les épaules carrées, le regard farouche de son antagoniste, ne semblaient nullement émouvoir, sifflait alors avec le plus grand sang-froid, en dénouant son ceinturon et en mettant bas son habit mi-