Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/9

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facile de se procurer un guide, attendu que les gens qu’il voyait de temps en temps étaient occupés à extraire de la tourbe, travail commandé par la nécessité et qui ne pouvait souffrir la moindre interruption. M. Walker ne put donc obtenir que des renseignements inintelligibles, donnés dans le patois du pays ; il commençait à se trouver dans une position alarmante, lorsqu’il s’adressa à un fermier qui paraissait être d’une classe un peu plus relevée, quoiqu’il fût néanmoins occupé comme les autres à faire sa provision de tourbe pour l’hiver. Le vieillard s’excusa d’abord, comme tous ses collaborateurs, de ne pouvoir servir de guide à un voyageur ; mais voyant qu’il était dans le plus grand embarras, et par respect pour son caractère : « Vous êtes ecclésiastique, Monsieur ? » dit-il. M. Walker fit un signe affirmatif. « Et je crois remarquer, d’après votre langage, que vous habitez le nord de l’Écosse. — Cela est vrai, mon bon ami, répondit M. Walker. — Et puis-je vous demander, continua le vieillard, si vous avez jamais entendu parler d’un village appelé Dunnottar ? — Mais je dois en savoir quelque chose, mon ami, répondit M. Walker, puisque, depuis plusieurs années, je suis ministre de cette paroisse. — Je suis bien aise de savoir cela, dit le Dumfnesien, car il y a un de mes proches parents qui y est enterré ; je crois même qu’un monument a été élevé sur sa tombe, et je donnerais la moitié de ce que je possède pour savoir s’il existe encore. — C’est sans doute un de ceux qui ont péri dans le Caveau des whigs, au château ? dit le ministre ; car il y a bien peu d’habitants du sud qui soient enterrés dans notre cimetière, il n’y a que ces whigs qui aient des monuments. — C’est cela, c’est bien cela, dit le vieux caméronien, car il appartenait à cette secte. » Alors il posa sa bêche, prit son habit, et s’offrit de grand cœur à conduire le ministre hors du Lochar-Moss, dût-il perdre le reste de sa journée, et il se crut amplement dédommagé en entendant M. Walker lui réciter l’épitaphe dont celui-ci se souvenait parfaitement. Le vieillard fut enchanté de voir que la mémoire de son aïeul ou de son bisaïeul se conservait encore avec celle de ses compagnons d’infortune ; aussi, après avoir conduit M. Walker hors des marécages sur un terrain ferme et sec, refusa-t-il toute espèce de récompense, se bornant à lui demander une copie écrite de l’inscription.

Pendant que j’écoutais ce récit en regardant le monument dont j’ai déjà parlé, je vis le Vieillard des tombeaux tout occupé, se-