Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/93

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ai vu une fois, répondit Henri, dans une auberge de la ville de… — Et avec qui avez-vous quitté cette auberge, jeune homme ?… n’était-ce pas avec John Balfour de Burley, l’un des meurtriers de l’archevêque ? — Je suis sorti de l’auberge avec la personne que vous venez de nommer, répondit Henri, je ne veux pas le nier ; mais, loin de savoir qu’il était l’un des assassins du primat, je ne savais pas alors qu’un tel crime eût été commis. — Que le Seigneur ait pitié de moi, je suis ruiné ! entièrement ruiné et perdu ! s’écria Milnwood. La langue de ce misérable lui fera perdre la tête, et me dépouillera même de l’habit gris qui me couvre le dos. — Mais vous saviez que Burley, » continua Bothwell s’adressant encore à Henri, et sans prendre garde à l’exclamation de son oncle, « était un rebelle et un traître, et vous connaissiez la défense faite de s’associer avec de semblables personnes. Vous n’ignoriez pas qu’il vous est défendu de secourir ce sujet déloyal, d’avoir des relations avec lui, de vous entretenir avec lui par lettre ou par message, ou de lui donner des aliments, une maison, un abri, sous les peines les plus rigoureuses : vous saviez tout cela, et cependant vous avez été contre la loi (Henri garda le silence). Où l’avez-vous quitté ? continua Bothwell ; était-ce sur la grande route ? ou lui avez-vous donné le couvert dans cette maison ? — Dans cette maison ! dit son oncle ; il n’oserait pas, sous peine de la vie, introduire un traître dans une maison qui m’appartient. — Ose-t-il nier qu’il l’ait fait ? dit Bothwell. — Puisque vous m’accusez de cela comme d’un crime, dit Henri, vous m’excuserez si je ne dis rien qui puisse m’accuser moi-même. — Ô terres de Milnwood ! bonnes terres de Milnwood, qui depuis deux cents ans portez le nom de Morton ! s’écria son oncle ; vous êtes… — Non, monsieur, dit Henri, vous ne souffrirez rien pour moi. J’avoue, » continua-t-il, s’adressant à Bothwell, « que j’ai logé cet homme pendant une nuit comme étant un vieux militaire camarade de mon père. Mais c’était non seulement sans le consentement de mon oncle, mais aussi contre tous ses ordres les plus exprès. Je me flatte, si mon aveu n’accuse que moi seul, qu’il sera de quelque poids pour prouver l’innocence de mon oncle. — Fort bien, jeune homme, » dit le soldat d’un ton plus radouci, « vous êtes un bon garçon : j’en suis fâché pour vous ; et votre oncle que voici est un fin et vieux Troyen, meilleur pour ses hôtes, à ce que je vois, que pour lui-même, car il nous donne du vin et ne boit que sa mauvaise ale. Appre-