Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/10

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le romantique ravin appelé le Dean-sans-Nom, se jette alternativement d’un côté à l’autre, comme une bille de billard repoussée par les côtés de la table sur laquelle elle a été lancée ; et ressemblant dans cette partie au ruisseau qui descend le Glendearg, il peut être tracé en avançant dans une contrée plus ouverte, où les deux rivages se retirent l’un de l’autre, et où la vallée montre une bonne partie de terrain à sec, laquelle n’a pas été négligée par les industrieux cultivateurs du canton. Il arrive aussi à une sorte d’issue, frappante par elle-même, mais totalement différente du récit du roman. Au lieu d’une simple tour frontière de défense, telle que la dame Glendinning est supposée en avoir habité une, la source de l’Allen, à environ cinq milles au-dessus de sa jonction avec la Tweed, montre trois ruines de maisons limitrophes, appartenant à différents propriétaires, et chacune, dans le but d’un mutuel appui si naturel dans les temps de trouble, située à l’extrémité de la propriété dont elle est la principale partie. L’une de ces ruines est celle du manoir de Hillstap, autrefois la propriété des Cairncross, et aujourd’hui celle de M. Innes de Stow ; la seconde est la tour de Colmslie, ancien héritage de la famille de Borthwick, comme l’attestent les armoiries que l’on voit sur cette tour ; la troisième est la maison de Langshaw, ruine près de laquelle le propriétaire actuel a construit une petite loge de chasse.

Toutes ces ruines, si étrangement jetées pêle-mêle en un coin solitaire, ont des souvenirs et des traditions qui leur sont propres ; mais aucune d’elles ne présente la ressemblance même la plus éloignée avec les descriptions consignées dans le roman du Monastère, et comme l’auteur eût erré d’une manière grossière en prenant pour type un lieu où il aimait à faire à cheval sa promenade du matin, sous les fenêtres de sa propre maison, la conséquence à tirer est qu’il n’avait l’intention d’établir aucune identité. Hillslap revit dans les gais penchants de ses derniers habitants ; et Colmslie est rappelé dans une chanson du pays. Langshaw, quoique plus étendu que les autres domaines réunis, à la tête du supposé Glendearg, n’a rien dans ses environs de plus remarquable que l’inscription du propriétaire actuel sur le haut de la porte de sa loge de chasse, inscription qui est celle-ci : Utinam hanc etiam veris impleam amicis ! ce qui veut dire : Plût à Dieu que je pusse la remplir de vrais amis !

Ayant ainsi montré que je pouvais dire quelque chose de ces