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LE MONASTÈRE.
CHAPITRE PREMIER.


généralités historiques.


Oh ! oui ; de tout temps les moines, oui, les moines ont fait tout le mal. C’est à eux que l’on doit toute la grossièreté, toute la superstition d’un siècle horriblement grossier et superstitieux. Gloire à celui qui a envoyé la tempête salutaire et qui a dispersé toutes ces vapeurs pestilentielles ! Mais que nous soyons redevables de tous ces fléaux à cette prostituée là-bas, qui trône sur les sept collines[1], avec sa coupe d’or, je croirais tout aussi volontiers, avec le bon sir Roger, que la vieille Moll-White[2] s’est envolée avec son chat et son manche à balai, et que c’est elle qui a excite l’orage et les éclats de tonnerre de la nuit dernière.
Ancienne comédie.


Le village décrit par le manuscrit du bénédictin, et nommé par lui Kennaquhair, est connu en effet sous une dénomination qui se termine par la même syllabe celtique que Traquhair, Caquhair, et autres composés. Le savant Chalmers tire le mot quhair du cours sinueux d’une rivière, étymologie qui coïncide singulièrement avec les nombreux détours de la Tweed près du village dont nous parlons. Ce village fut long-temps célèbre à cause du superbe monastère de Sainte-Marie, fondé par David Ier, roi d’Écosse, sous le règne duquel se formèrent dans le même comté les établissements non moins considérables de Melrose, Jedburgh et Kelso. Les concessions de terres dont le roi dota ces opulentes communautés lui firent donner par les historiens monastitques l’épithète de saint, et lui attirèrent de la part d’un de ses descendants appauvris ce reproche amer d’avoir été un rude saint pour la couronne.

Il paraît néanmoins que David, monarque sage autant que pieux, n’était pas uniquement mu par des motifs religieux dans

  1. L’Église romaine. a. m.
  2. La blanche Moll, abréviation de Marie, nom de sorcière. a. m.