Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/390

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prit ensuite à la main sa petite cassette de bijoux, dans le cas où elle pourrait trouver en eux de puissants intercesseurs, et se retirant dans le coin le plus sombre et le plus reculé, elle s’assit sur un banc de mousse, espérant que la fortune lui enverrait quelque chance de salut ou quelque protecteur dont elle pût solliciter l’intervention.




CHAPITRE XXXIV.

RENCONTRE INATTENDUE.


Avez-vous vu la perdrix tremblante quand le faucon paraît dans le voisinage ? elle se blottit sous le buisson, craignant également d’y rester ou de s’envoler.
Prior.


Il arriva ce jour mémorable qu’une des personnes les plus matinales de la troupe chasseresse, qui parut tout équipée pour le départ, fut celle en l’honneur de qui on célébrait toutes ces fêtes, la reine-vierge d’Angleterre. Soit par hasard, soit par une courtoisie due à une maîtresse qui lui faisait un si grand honneur, à peine Élisabeth avait-elle dépassé le seuil de son appartement, que Leicester se trouva près d’elle et lui proposa, en attendant que les préparatifs de la chasse fussent terminés, de parcourir le parc et les jardins attenants à la cour du château.

Ils se dirigèrent donc vers ce nouveau théâtre de plaisirs, le comte offrant de temps à autre à sa souveraine l’appui de son bras, lorsque des escaliers, fort à la mode alors dans les jardins, se présentaient pour les conduire de terrasse en terrasse, de parterre en parterre. Les dames de la suite, soit par prudence, soit par désir obligeant de faire pour les autres ce qu’elles auraient voulu qu’on fît pour elles-mêmes, ne crurent pas devoir se tenir assez près de la personne de la reine pour être à portée de prendre part à sa conversation avec le comte, son hôte en ce moment et de plus celui de tous ses sujets qui possédait au plus haut degré son estime, sa confiance et sa faveur. Elles se contentèrent donc d’admirer la grâce de l’illustre couple, dont les habits de cérémonie avaient été remplacés par un costume de chasse presque aussi magnifique.

L’habit que portait Élisabeth était de soie bleu-tendre, orné de