Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/417

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faux comme la fumée de l’enfer… Elle peut être ambitieuse, légère, impatiente ! mais m’être infidèle, jamais ! jamais !… La preuve ! la preuve de ceci ! » s’écria-t-il avec violence.

« Carrol, le domestique chargé des logements, l’y a conduite d’après son propre désir, hier après midi. Lambourne et le garde de la tour l’y ont tous deux trouvée ce matin de bonne heure…

— Tressilian y était-il avec elle ? demanda le comte du même ton.

« Non, milord ; vous devez vous rappeler qu’il a été mis pendant la nuit aux arrêts dans l’appartement de sir Nicolas Blount.

— Carrol et les autres savaient-ils qui elle était ?

— Non, milord ; Carrol et le garde de la tour n’avaient jamais vu la comtesse, et Lambourne ne la reconnut pas sous son déguisement. Mais en cherchant à l’empêcher de quitter la chambre, il resta en possession d’un de ses gants que Votre Seigneurie peut reconnaître.

— Oui, je le reconnais ; ce fut moi qui les lui donnai… Elle portait aujourd’hui même le pareil à cette main qu’elle passa autour de mon cou. » Le comte prononça ces mots avec une violente agitation.

« Votre Seigneurie, dit Varney, peut encore questionner la comtesse sur la vérité de ces rapports.

— Il n’en est pas besoin, il n’en est pas besoin, » dit le comte en proie à mille tortures, « elle est écrite en caractères enflammés ; mes yeux en ressentent l’impression brillante. Je vois son infamie, je ne puis voir que cela. Dieu de bonté ! et c’est pour cette femme perfide que j’allais exposer la vie de tant de nobles amis, ébranler les fondements d’un trône légitime, porter le fer et le feu au sein d’un état paisible, outrager la généreuse maîtresse qui m’a fait ce que je suis, et qui, sans cet odieux mariage, m’aurait élevé aussi haut qu’un homme peut l’être. Voilà tout ce que j’allais faire pour cette femme qui complote avec mes plus cruels ennemis ! Et toi, traître ! pourquoi ne m’en avoir pas parlé plus tôt ?

— Milord, dit Varney, une larme de la comtesse aurait effacé tout ce que j’aurais pu dire. D’ailleurs je n’ai eu toutes ces preuves que ce matin même, lorsque Antony Foster, arrivant inopinément avec les réponses et les déclarations qu’il a arrachées à l’aubergiste Gosling et à d’autres, m’a expliqué de quelle manière elle s’était enfuie de Cumnor-Place ; et que, par mes propres recherches, je suis parvenu à découvrir tout ce qui s’est passé depuis qu’elle est dans ce château.