Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/323

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au laird des lacs de la Solway : — je suppose que la chose est faisable. Maintenant je pense que Nanty Ewart, s’il fait voile avec le brick par la marée du matin, est homme à l’emmener.

— Oui, oui, il en est bien capable. Jamais on n’a mieux connu que Nanty toute la frontière, montagnes et vallons, pâturages et terres labourables : de plus, il est toujours à même de trouver le laird, si vous êtes sûr des dispositions du jeune homme. Mais, au reste, c’est son affaire ; car fût-il le plus vaillant homme d’Écosse, et le directeur de la maudite douane par-dessus le marché, eût-il cinquante hommes derrière lui, il ferait encore aussi bien de ne visiter le laird qu’avec de bonnes intentions. Quant à Nanty, il a la main prompte comme la parole ; il est diablement plus courageux encore que ce Cristal Nixon dont ils font tant de tapage. Je les ai vus tous deux faire leurs preuves, parbleu ! »

Fairford pensa que son tour était venu de prendre la parole. Néanmoins il était un peu ému en se voyant complètement au pouvoir d’un vil hypocrite et d’un individu, son subordonné, qui avait tout l’air d’un brigand déterminé ; en outre, l’odeur détestable que ces deux hommes sentaient avec indifférence, le privait presque de la respiration ; et tout cela réuni semblait lui ôter la faculté de s’exprimer. Il déclara néanmoins qu’il n’avait pas de mauvaises intentions contre le laird, mais qu’il était seulement porteur d’une lettre qui lui était adressée pour affaire particulière par M. Maxwell de Summertrees.

« Oui, oui, répliqua Job, voilà qui peut suffire ; et si M. Trumbull s’est assuré que le cachet est véritable, nous vous donnerons une place à bord de Jenny la Sauteuse, quand elle partira demain, et Nanty Ewart vous fournira le moyen de trouver le laird, je vous en réponds.

— Je puis actuellement, je présume, retourner à l’auberge où j’ai laissé mon cheval ? dit Fairford.

— Pardon ! répliqua M. Trumbull, vous nous connaissez trop bien maintenant pour qu’on vous accorde cette permission ; mais Job va vous conduire dans un endroit où vous pourrez ronfler à votre aise jusqu’à ce qu’il vous réveille. Je vous apporterai le peu de bagage dont vous avez besoin ; — car ceux qui tentent de pareilles entreprises ne doivent pas faire les beaux fils. Je m’occuperai moi-même de votre cheval, car un homme miséricordieux doit avoir de la miséricorde pour sa monture ; — chose trop souvent oubliée chez nous, par suite d’affaires.