Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/101

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clameurs et les sons du cornet retentissant de montagne en montagne, avaient tenté plus d’une fois le vieillard de participer aussi à ces amusements périlleux mais animés, qui, après la guerre, étaient alors dans presque toute l’Europe la plus sérieuse occupation de la vie. Mais ce sentiment fut passager ; et il se remit à étudier avec plus d’intérêt les manières et les opinions des personnes avec lesquelles il voyageait.

Tous semblaient avoir leur part de cette simplicité droite et franche qui caractérisait Arnold Biederman, quoiqu’elle ne fût dans personne relevée par la même noblesse de sentiments, ou par une sagacité aussi profonde. En parlant de l’état politique de leur pays, ils n’affectaient aucun mystère ; et quoique, à l’exception de Rudolphe, leurs jeunes gens ne fussent pas admis dans leurs conseils, cette mesure d’exclusion semblait prise seulement pour le maintien de la subordination nécessaire à la jeunesse, et non dans l’intention de garder le secret. En présence du vieux Philipson, ils discutaient librement les prétentions du duc de Bourgogne, les moyens que possédait leur pays de conserver son indépendance, et la ferme résolution de la ligue Helvétique de défier les forces les plus redoutables que le monde pourrait déployer contre elle, plutôt que de se soumettre à la moindre insulte. Sous d’autres rapports, leurs vues paraissaient encore sages et modérées, quoique le banneret de Berne, ainsi que l’important bourgeois de Soleure, parussent considérer les conséquences de la guerre plus légèrement que ne le faisaient le prudent landamman d’Unterwalden, et son vénérable compagnon, Nicolas Bonstetten, qui souscrivait à toutes ses opinions.

Il arrivait souvent que la conversation, quittant ces sujets, venait à tomber sur d’autres qui étaient moins intéressants pour leur camarade de voyage. Les signes du temps, la fertilité comparative des dernières années, les modes les plus avantageux de disposer leurs vergers ou de serrer leurs moissons, toutes choses fort attrayantes pour les montagnards eux-mêmes, n’amusaient pas Philipson plus qu’il ne fallait ; et quoique l’excellent meinherr Zimmerman de Soleure fût disposé à lier avec lui conversation sur le commerce et les marchandises, néanmoins l’Anglais, qui ne vendait que des articles d’un petit volume et d’une valeur considérable, qui traversait mers et terres pour faire son négoce, ne pouvait guère trouver de sujets communs à discuter avec le marchand suisse, dont le commerce ne s’étendait que dans les districts voisins de la Bourgogne et de l’Allemagne, dont les marchandises consis-