Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/102

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taient en grossières étoffes de laine, en futaines, cuirs, pelleteries, et autres articles ordinaires.

Mais, de temps à autre, pendant que les Suisses discutaient quelque chétif intérêt de commerce, décrivaient quelque procédé tendant à améliorer leur pauvre culture, ou parlaient de la rouille des grains et de la mortalité des bestiaux, avec toute cette naïve minutie de petits fermiers et de négociants pauvres, qui se rencontrent à une foire de campagne, un lieu bien connu, qui rappelait le nom et l’histoire d’une bataille à laquelle avaient assisté plusieurs d’entre eux (car il n’y avait personne dans la troupe qui n’eût fréquemment pris les armes) et les détails militaires qui, dans d’autres contrées, faisaient les seuls sujets d’entretiens des chevaliers et des écuyers qui y avaient joué un rôle, ou pour les savants clercs qui cherchaient à les consigner par écrit : ces détails étaient, dans ce pays singulier, des sujets de discussions ordinaires et familiers à des hommes que leurs paisibles occupations semblaient placer à une distance incommensurable du métier de soldat. Cette circonstance rappela à l’Anglais les anciens habitants de Rome, où l’on échangeait si aisément la charrue pour l’épée, et la culture d’une petite ferme pour la direction des affaires publiques. Il communiqua ce rapprochement au landamman qui fut naturellement charmé du compliment adressée son pays, mais qui répliqua sur-le-champ : « Puisse le ciel continuer parmi nous ces vertus domestiques des Romains, et nous préserver de leur amour des conquêtes et de leur fureur pour le luxe étranger ! »

La marche lente des voyageurs, encore retardée par différents motifs qu’il n’est pas nécessaire d’exposer ici, obligea la députation à passer deux nuits sur la route avant d’arriver à Bâle. Les petites villes ou villages, dans lesquels ils s’arrêtèrent, les reçurent avec toutes les marques d’hospitalité respectueuse que leurs faibles moyens leur permettaient, et l’arrivée des ambassadeurs était toujours le signal d’une petite fête dont les chefs de la commune les honoraient.

En ces occasions, tandis que les anciens du village traitaient les députés de la confédération, les jeunes gens de l’escorte étaient aussi reçus par ceux de leur âge qui, pour la plupart, sachant d’ordinaire qu’ils approchaient, ne manquaient presque jamais de se joindre à eux pour la partie de chasse du jour, et de faire connaître aux étrangers les endroits où le gibier était le plus abondant.

Les festins ne se prolongeaient pas fort avant dans la nuit, et les