Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/351

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propre pays, et dans l’exercice de son état, vînt à se réaliser. En attendant, il le pria de lui procurer pour le lendemain à la pointe du jour un passeport et une escorte pour son fils, qu’il était forcé d’envoyer à Aix, résidence du roi René.

« Quoi ! dit Colvin, le jeune comte d’Oxford va-t-il prendre un grade à la cour d’amour ? car on ne s’occupe dans la capitale du roi René que d’amour et de poésie. — Je ne suis pas ambitieux d’une telle distinction pour lui, mon cher hôte, répondit Oxford ; mais la reine Marguerite est auprès de son père, et il est convenable qu’il aille baiser la main de sa souveraine. — En voici assez, dit le vétéran lancastrien ; quoique l’hiver approche à grands pas, la Rose-Rouge peut, j’espère, fleurir au printemps. »

Il conduisit alors le comte anglais dans la partie de la tente qu’il devait occuper, et où se trouvait aussi une couche pour Arthur ; leur hôte (comme nous pouvons appeler Colvin) les assurant qu’à la pointe du jour des chevaux et des hommes sûrs seraient prêts à accompagner le jeune homme durant son voyage.

« Arthur, lui dit son père, il faut donc nous séparer encore une fois. Je n’ose te donner, dans ce pays de périls, aucune communication écrite pour ma maîtresse la reine Marguerite ; mais tu lui diras que j’ai trouvé le duc de Bourgogne fermement attaché à ses propres intérêts, mais assez bien disposé pourtant à les confondre avec les nôtres. Tu lui diras que je doute peu qu’il nous accorde le secours que nous demandons ; mais qu’il faudra sa propre renonciation et celle du roi René. Tu diras encore que je n’aurais jamais conseillé un pareil sacrifice pour la chance précaire de renverser la maison d’York, si je n’étais pas convaincu que la France et la Bourgogne planent comme des vautours sur la Provence, et que l’un ou l’autre de ces deux princes, ou peut-être tous deux, sont prêts, aussitôt que son père sera mort, à s’élancer sur des possessions qu’ils n’ont épargnées qu’à grand regret durant sa vie. Un accommodement avec le duc de Bourgogne peut donc d’une part assurer son active coopération dans l’entreprise d’Angleterre ; et de l’autre, si notre fière princesse n’accède pas à la demande de Charles, la justice de sa cause n’ajoutera rien à la validité de ses droits héréditaires sur les domaines de son père. Prie donc la reine Marguerite, à moins qu’elle n’ait changé de plan, d’obtenir du roi René un acte de cession dans les formes, qui transmette la possession de ses états au duc de Bourgogne, avec le consentement de Sa Majesté. Les revenus nécessaires au roi et à elle-même seront