Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/354

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ne sont qu’une pure race de paysans, et le petit nombre de nobles par naissance dont ils peuvent se vanter cachent leur illustre origine sous des vêtements et des manières de manants. C’est à peine, je pense, s’il tiendront contre une charge de mes lances de Hainaut. — Non, pourvu que vos lanciers puissent trouver moyen de courir sur eux ; mais… — Eh bien ! pour imposer silence à, vos scrupules, » dit le duc en l’interrompant, « sachez que ces peuples encouragent, par leurs secours et leur protection, la formation des plus dangereux complots dans mes domaines. Regardez ici… Je vous disais que mon officier, sir Archibald d’Hagenbach, fut assassiné lorsque la ville de La Ferette fut traîtreusement prise par ces Suisses qui vous semblent si innocents ; et voici un rouleau de parchemin qui annonce que mon serviteur a été exécuté par arrêt du tribunal véhmique, bande d’assassins mystérieux auxquels je ne veux pas permettre de se réunir en aucune partie de mes états. Oh ! si je pouvais seulement les surprendre sur terre avant qu’ils aillent se cacher dessous, ils apprendraient ce que vaut la vie d’un noble ! Puis, remarquez l’insolence de leur attestation ! »

Le parchemin portait, avec le jour et la date, que la peine de mort avait été prononcée contre Archibald d’Hagenbach pour tyrannie, violence et oppression ; et qu’il avait été exécuté par ordre de la sainte vèhme, et par les officiers de cette cour, qui n’étaient responsables de leurs actes que devant leur tribunal seul. Il était contre-signé en encre rouge, avec le sceau de la société secrète, représentant un rouleau de cordes et un poignard nu.

« J’ai trouvé ce document cloué à ma toilette avec un poignard, dit le duc, autre tour par lequel ils donnent du mystère à leur jonglerie homicide. »

La pensée de ce qu’il avait souffert dans la maison de John Mengs, et des réflexions sur l’étendue et l’omniprésence de ces associations secrètes, causèrent même au brave Anglais un frisson involontaire.

« Pour l’amour de tous les saints du ciel ! dit-il, gardez-vous, monseigneur, de parler de ces terribles sociétés, dont les membres sont au dessus, au dessous et autour de nous ; aucun homme n’est sûr de sa vie, si bien gardée qu’elle soit, quand elle est poursuivie par un homme peu attaché à la sienne. Vous êtes environné d’Allemands, d’Italiens et d’autres étrangers… combien d’entre eux peuvent être attachés par ces chaînes secrètes qui les dégagent de tout autre lien social pour les unir par un pacte inextrica-