Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/411

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Il était temps de rentrer, car la tempête commençait à être mêlée de torrents de pluie plus abondante. Lorsqu’ils revinrent dans le parloir, la reine frappa des mains, et deux femmes arrivèrent aussitôt.

« Faites savoir au père abbé, leur dit-elle, que c’est notre désir que ce jeune homme reçoive pour cette nuit l’hospitalité qu’il mérite comme un de nos meilleurs amis… Jusqu’à demain, jeune étranger, adieu. »

Avec une physionomie qui ne trahissait aucunement l’émotion récente de son esprit, et avec une courtoisie digne des temps où elle embellissait, les salles de Windsor, elle étendit la main, et le jeune homme la baisa respectueusement. Après qu’elle se fut retirée, l’abbé entra, et par son attention à traiter Arthur durant la soirée et la nuit de façon qu’il ne manquât de rien, il montra combien il désirait accomplir les vœux de la reine Marguerite.

CHAPITRE XXXI.

LE CARME.

Avez-vous besoin d’un homme qui ait de l’expérience du monde et des affaires ?… en voici un tout exprès, c’est un moine. Il a dit adieu au monde et à ses œuvres, ou plutôt il le connaît passablement bien, et il en sait les artifices, car il est moine.
Ancienne comédie.

L’aube commençait à peine à blanchir lorsqu’Arthur fut réveillé par la force avec laquelle retentissait la sonnette de la porte du monastère, et aussitôt après le portier entra dans la cellule qui lui avait servi de chambre à coucher, pour lui dire que, s’il se nommait Arthur Philipson, un frère de l’ordre lui apportait des dépêches de son père. Le jeune homme sauta à bas de son lit, s’habilla en toute hâte, et descendit au parloir, où il trouva un moine carme de la communauté de Sainte-Victoire.

« J’ai parcouru bien des milles, jeune homme, pour vous apporter cette lettre, dit le moine ; car j’ai promis à votre père de vous la remettre sans délai. Je suis venu à Aix la nuit dernière pendant l’orage, et ayant appris au palais que vous aviez porté vos pas ici, je suis remonté à cheval aussitôt que l’orage s’est calmé, et me voici. — Je vous ai infiniment d’obligation, mon père, dit le jeune homme ; et si je puis récompenser vos peines par quelque petit don