Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/412

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à votre couvent… — Non, impossible, répondit le bon religieux ; si je me suis un peu fatigué, c’est par pure amitié pour votre père, et mon propre chemin m’amenait de ce côté. On a amplement pourvu aux dépenses de mon long voyage. Mais ouvrez votre paquet, je puis répondre à loisir à vos questions. »

Le jeune homme se retira donc dans l’embrasure de la croisée, et lut ce qui suit :

« Mon fils Arthur,

« Relativement à la situation du pays, en ce qui concerne la sûreté de ceux qui le parcourent, sachez qu’elle est toujours aussi précaire. Le duc s’est emparé des villes de Brie et de Granson, et a mis à mort cinq cents hommes de garnison qu’il y a faits prisonniers. Mais les confédérés approchent avec des forces considérables, et Dieu décidera du bon droit. Quelle qu’en puisse être l’issue, c’est une guerre terrible où il n’y aura, dit-on, de quartier ni d’un côté ni de l’autre ; c’est pourquoi il n’y a aucune sécurité pour les gens de notre profession jusqu’à ce qu’il arrive quelque chose de décisif. En attendant, vous pouvez assurer la veuve que notre correspondant est toujours disposé à lui acheter la propriété qu’elle a entre les mains ; mais il ne pourra guère en payer le prix avant que ses affaires actuelles soient terminées, et j’espère que ce sera encore assez tôt pour nous permettre d’employer les fonds dans l’avantageuse entreprise dont j’ai parlé à notre amie ; j’ai chargé un moine qui se rendait en Provence de vous remettre cette lettre, et j’espère qu’il y arrivera sain et sauf. Le porteur mérite toute confiance.

« Votre affectionné père, John Philipson. »

Arthur comprit aisément la seconde partie de l’épître, et se réjouit de l’avoir reçue dans un moment si critique. Il questionna le carme sur la force de l’armée du duc ; et le moine dit qu’elle se montait à soixante mille hommes, tandis que les confédérés, malgré tous leurs efforts, n’avaient pas encore pu réunir le tiers de ce nombre. Le jeune Ferrand de Vaudemont s’était joint à leur armée, et avait reçu, pensait-on, quelque secours secret de la France ; mais comme sa renommée militaire n’était pas très brillante, et qu’il avait peu de partisans, le vain titre de général qu’il portait n’ajoutait rien aux forces des confédérés. En résumé, il prétendait que la balance semblait pencher en faveur de Charles, et Arthur, qui regardait son succès comme offrant la seule chance en faveur