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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/42

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sant son verre et celui de son hôte ; « je suis très-affligé, sur mon âme, que ma fille prenne cette sotte humeur. Mais tu pouvais, il me semble, ne pas la faire naître. Pourquoi venir ici faire le tapageur avec ton sabre et ton poignard, quand cette fille est assez folle pour n’en pouvoir supporter la vue ? Ne te rappelles-tu pas que tu as eu une espèce de querelle avec Catherine avant ton dernier départ de Perth, parce que tu ne voulais pas faire comme nous autres honnêtes et paisibles bourgeois, mais sortir toujours armé comme un de ces bandits militaires qui escortent la noblesse ? Certainement, il est assez temps pour de dignes bourgeois de s’armer quand sonne la cloche commune qui nous ordonne de prendre le harnais de guerre. — Ma foi, mon bon père, ce n’est pas ma faute ; mais je n’étais pas plus tôt descendu de bidet, que je suis accouru ici pour vous apprendre mon retour, et vous demander la permission d’être le Valentin de miss Catherine pour l’année ; mistress Dorothée m’a dit que vous étiez allé entendre l’office au couvent des moines noirs. J’ai donc cru devoir m’y rendre aussi, tant pour assister au service avec vous que pour voir une personne qui pense assez peu à moi… Notre-Dame et saint Valentin me pardonnent ! Comme vous entriez dans l’église, il m’a semblé apercevoir deux ou trois hommes de mauvaise mine, tenant conseil ensemble, et vous regardant vous et elle. Il y avait là surtout sir John Ramorny, que j’ai bien reconnu malgré son déguisement, malgré la mouche de velours qui lui couvrait l’œil, et son manteau de domestique. Il m’a donc semblé, père Simon, que vous étiez trop vieux, et ce brin de montagnard un peu trop jeune pour livrer bataille ; qu’ainsi je devais vous suivre tranquillement, ne doutant pas de pouvoir mettre à la raison, avec les outils que je porte sur moi, quiconque viendrait vous troubler en route. Vous savez que vous m’avez vous-même aperçu, entraîné dans votre maison, de gré ou de force ; autrement, je vous promets que je n’aurais pas vu votre fille avant d’avoir mis la veste neuve qu’on m’a faite à Berwick, à la mode la plus nouvelle ; et je ne me serais pas présenté devant elle avec ces armes qui lui déplaisent tant, quoique, à vrai dire, j’aie tant de mortels ennemis, pour tel ou tel malheureux motif, qu’il m’est aussi nécessaire qu’à personne en Écosse de ne pas sortir la nuit sans armes. — Cette jeune folle ne pensera jamais à cela, dit Simon Glover ; elle n’a jamais assez de bon sens pour songer que, dans notre cher pays natal d’Écosse, tout homme regarde comme son