Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/111

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répliqua le jeune homme. Je vais en premier lieu retrouver un air pur, et en second un bon feu, deux échanges fort agréables contre ce cachot rempli de vapeurs suffocantes et d’exécrables odeurs. Vous pouvez être sûr que je ne perdrai pas de temps : je serai bientôt de retour au château de Douglas, en marchant même avec tous les égards convenables pour les os de ce vieillard. — Traite-le humainement, reprit le chevalier ; puisque toi, vieillard, tu es insensible à toute menace de danger personnel, songe que si l’on te surprend à biaiser avec nous, ton châtiment sera peut-être plus sévère que tous les supplices du corps. — Pouvez-vous donc administrer la torture à l’âme ? dit le fossoyeur. — Oui, pour toi, répondit le chevalier, nous le pouvons… Nous détruirons tous les monastères, tous les établissements religieux fondés pour le repos des âmes des Douglas, et nous ne permettrons aux ecclésiastiques de demeurer ici qu’à la condition de prier pour l’âme du roi Édouard Ier, de glorieuse mémoire, le malleus Scottorum ; et si les Douglas sont privés des avantages spirituels qu’ils retirent des prières et des services qu’on célèbre à tous ces autels, ils pourront s’en prendre à ton obstination. — Une pareille vengeance, » répliqua le vieillard du ton hardi et hautain qu’il avait pris dès le commencement, « serait plus digne des démons infernaux que de véritables chrétiens. »

L’écuyer leva la main sur lui, le chevalier le retint. « Épargne-le, Fabian, dit-il, il est bien vieux, et peut-être insensé… Et vous, fossoyeur, souvenez-vous que la vengeance dont je vous menace serait également dirigée contre une famille dont les membres ont été les soutiens obstinés du rebelle excommunié qui assassina Comyn-le-Roux dans la haute église de Dumfries[1]. »

En parlant ainsi, Aymer sortit des ruines, trouvant son chemin avec quelque peine… Il prit son cheval qu’il rencontra à l’entrée, recommanda de nouveau à Fabian de se conduire avec prudence, et, en passant par la porte du sud-ouest, donna les ordres les plus rigoureux de faire bonne garde, tant par des patrouilles que par des sentinelles, ajoutant qu’on devait s’être négligé pendant la première partie de la nuit. Les hommes du poste murmurèrent une excuse, mais d’un air si confus qui semblait dire que ce n’était pas trop à tort qu’on les réprimandait.

Sir Aymer poursuivit alors sa route vers Hazelside, sa suite se trouvant diminuée de Fabian et des deux cavaliers. Après une course rapide mais longue, le chevalier mit pied à terre devant la maison

  1. Robert Bruce. a. m.