Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/119

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dit vrai, ajouta l’abbé : les archers et les hommes d’armes sont plus d’une fois venus inviter ce pauvre garçon à partager leurs jeux militaires ou à les divertir peut-être par ses chants et sa musique ; mais il a toujours refusé, et je pense fermement que ce sont les effets de sa maladie qui l’ont empêché d’accepter une invitation si séduisante à son âge, et surtout dans un lieu qui doit sembler aussi triste à un jeune homme élevé dans le monde. — Pensez-vous donc, révérend père, répliqua de Valence, qu’il y ait véritablement du danger à emmener cette nuit le jeune homme au château, comme j’en avais le dessein ? — Je crois, répondit l’abbé, que ce danger existe en effet, non seulement en ce que le voyage peut occasioner une rechute, mais aussi en ce que très probablement vous introduiriez la contagion dans votre honorable garnison, attendu qu’on n’aurait pris aucune des mesures nécessaires ; car c’est dans les rechutes plutôt que dans la première violence de la maladie qu’elle paraît être plus contagieuse. — Alors, reprit le chevalier, il faudra vous résoudre, mon ami, à partager votre chambre avec un archer qui y montera la garde. — Je ne puis refuser, dit Augustin, pourvu que mon malheureux voisinage n’expose pas la vie de ce pauvre soldat. — Il fera aussi bien son devoir, répliqua l’abbé, en se tenant en dehors à la porte de l’appartement ; et si ce jeune homme peut dormir tranquille, ce qu’empêcherait la présence d’une sentinelle dans sa chambre, il n’en sera que mieux en état de vous accompagner demain matin. — Eh bien, soit ! dit Aymer ; mais vous êtes sûr que nous ne lui facilitons pas ainsi les moyens de s’échapper ? — L’appartement, reprit l’abbé, n’a d’autre issue que celle qui est gardée par votre archer ; mais pour vous satisfaire davantage, je fermerai la porte devant vous. — Soit donc, dit le chevalier de Valence ; ensuite j’irai moi-même me coucher sans quitter ma cotte de mailles, et faire un somme jusqu’à ce que l’aurore me rappelle à mon devoir ; et alors, Augustin, il vous faudra être prêt à m’accompagner au château de Douglas. »

Dès la pointe du jour, les cloches du couvent appelèrent les habitants et les habitantes de Sainte-Brigitte aux prières du matin. Quand ce devoir fut rempli, le chevalier demanda son captif. L’abbé le conduisit à la porte d’Augustin ; la sentinelle qui y était postée, munie d’une longue pertuisane, dit n’avoir pas entendu le moindre bruit dans la chambre de toute la nuit ; l’abbé frappa donc à la