Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/134

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digne ecclésiastique, de peur que cette affaire ne soit plus importante encore que je ne le pense, et qu’après avoir cru pénétrer le mystère je ne sois obligé de reconnaître que je vous ai seulement fait changer d’erreur… Holà ! hé ! sonnez le boute-selle ! » cria-t-il par une des fenêtres de l’appartement, « et que les hommes qui m’ont accompagné ici se tiennent prêts à battre les bois en s’en retournant. — Sur ma foi ! dit le père Jérôme, je suis fort content que ce jeune étourneau m’abandonne enfin à mes réflexions. Je déteste qu’un jeune homme prétende comprendre tout ce qui se passe, quand des personnes fort supérieures sont obligées de s’avouer dans les ténèbres. Une telle présomption est comme celle de cette orgueilleuse Ursule, qui prétendait avec son œil unique lire un manuscrit que je ne pouvais déchiffrer moi-même avec le secours de mes lunettes. »

Cette apostrophe n’aurait pas extrêmement plu au jeune chevalier, et ce n’était point d’ailleurs une des choses que l’abbé aurait voulu énoncer de manière à être entendu ; mais sir Aymer en lui serrant la main lui avait dit adieu, et il était déjà à Hazelside donnant des ordres particuliers au petit détachement d’archers et d’autres soldats qui s’y trouvaient ; tandis que Thomas Dickson cherchait à recueillir quelques détails sur les événements de la nuit.

« Paix, drôle ! s’écria sir Aymer, occupe-toi de ta propre besogne, car je t’assure qu’il viendra un temps où elle exigera toute l’attention dont tu es capable ; laisse aux autres le soin de leurs affaires. — Si l’on a des soupçons contre moi, répliqua Dickson d’un ton bourru et rechigné, il me semble qu’il serait juste de me faire connaître l’accusation. Je n’ai pas besoin de vous dire que la chevalerie défend d’attaquer un ennemi sans l’avoir défié. — Quand vous serez chevalier, repartit sir Aymer de Valence, il sera temps de discuter ensemble l’étiquette. En attendant, vous feriez mieux de m’apprendre quelle part vous avez prise à l’apparition de ce fantôme guerrier qui a poussé le cri des Douglas dans la ville de ce nom. — J’ignore absolument ce dont vous parlez, répliqua le fermier d’Hazelside. — Tâchez donc, reprit le chevalier, de ne pas vous mêler des affaires d’autrui, quand même votre conscience vous dirait que vous n’avez rien à craindre pour vos propres actions. »

À ces mots, il s’éloigna sans attendre de réponse,

« Je ne sais comment cela se fait, se disait le chevalier, mais un brouillard n’est pas plus tôt dissipé que nous nous trouvons plongé