Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/135

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dans un autre ; je regarde comme certain que cet Augustin n’est autre que la dame des pensées de Walton, qui nous a valu tant de peine et même une espèce de mésintelligence pendant ces dernières semaines. Sur mon honneur ! cette belle dame est bien généreuse en ma faveur ; et s’il lui plaît d’être moins complaisante pour sir John de Walton, ma foi alors… Eh bien ! il n’y a dans tout ceci rien qui doive me faire conclure qu’elle me donnerait dans son cœur la place qu’elle vient d’ôter à de Walton. Non vraiment. Et quand même elle y serait disposée, devrais-je profiter d’un tel changement aux dépens de mon ami, de mon compagnon d’armes ? Ce serait folie de songer seulement à une chose aussi improbable. La première aventure de cette nuit demande de plus sérieuses réflexions. Ce fossoyeur semble avoir fait société avec les morts au point qu’il ne puisse plus tenir compagnie aux vivants ; et quant à ce Dickson d’Hazelside, comme on l’appelle, il n’est pas de tentative contre les Anglais, durant ces interminables guerres, à laquelle il n’ait participé ; quand ma vie en aurait dépendu, il m’aurait été impossible de ne pas lui dire les soupçons que j’ai contre lui ; qu’il prenne la chose comme il lui plaira. »

En se parlant ainsi, le chevalier pressa son cheval, et arriva bientôt au château de Douglas. Il demanda d’un ton plus cordial qu’à l’ordinaire s’il pouvait être introduit chez sir John de Walton, auquel il avait des choses importantes à communiquer. Il fut aussitôt introduit dans une pièce où le gouverneur déjeunait seul. Vu le pied sur lequel ils étaient depuis quelque temps, le gouverneur de Douglas-Dale fut un peu surpris de l’air d’aisance et de familiarité avec lequel de Valence s’approchait.

« Quelque nouvelle extraordinaire sans doute, » dit sir John d’un ton froid, me procure l’honneur d’une visite de sir Aymer de Valence ? — Il s’agit, répliqua sir Aymer, de choses qui paraissent devoir vous intéresser vivement, sir John de Walton ; c’est pourquoi j’aurais été blâmable de différer d’un instant à vous les communiquer. — Je serai fier de profiter de vos découvertes, ajouta sir John. — Et moi, reprit le jeune chevalier, je tiendrais beaucoup à l’honneur d’avoir pénétré un mystère qui aveuglait sir John de Wallon. En même temps, je ne voudrais pas que vous me crussiez capable de plaisanter à vos dépens, ce qui pourrait arriver si dans ma précipitation je vous donnais une fausse clef de cette affaire. Si vous le permettez, nous procéderons ainsi : allons ensemble trouver le ménestrel Bertram, qui est retenu prisonnier. J’ai