Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/27

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sois particulièrement coupable : au contraire, je pense que l’homme qui désire qu’on honore ses cheveux lorsque l’âge les aura parsemés d’argent, doit retenir sa gaîté en présence des jeunes gens, et montrer ainsi qu’il respecte l’innocence. Je vais donc aller, avec votre permission, dire un mot à Augustin, pour que demain nous puissions être sur pied de bonne heure. — Va, l’ami, dit le soldat anglais, et reviens vite ; notre souper attend que tu sois prêt à le partager avec nous. — Vous pouvez croire, répondit Bertram, que je ne suis pas disposé à occasionner le moindre délai. — Suis-moi donc, dit Thomas Dickson, je vais te montrer où ton jeune oiseau a son nid. »

L’hôte monta, en conséquence, un escalier de bois, et frappa à une porte qui était celle du jeune étranger.

« Votre père voudrait vous parler, maître Augustin, » continua-t-il, lorsque la porte s’ouvrit. — Excusez-moi, mon cher hôte, répondit Augustin, mais en vérité cette chambre est directement au dessus de votre salle à manger, les planches du parquet ne sont pas jointes aussi bien que possible, et il m’a fallu jouer le rôle ridicule d’écouteur aux portes ; il ne m’a point échappé un seul mot de tout ce qu’on a dit relativement à mon séjour projeté dans le couvent, à notre voyage de demain matin, et à l’heure un peu incommode à laquelle il me faudra secouer ma paresse. — Et comment trouvez-vous, ajouta Dickson, le projet qu’on a conçu de vous laisser avec l’abbé du petit troupeau de Sainte-Brigitte ? — Excellent, répondit le jeune homme, si l’abbé est un homme aussi respectable que le demande sa profession, et non un de ces ecclésiastiques turbulents qui tirent l’épée et se conduisent comme des soldats dans ces temps de trouble. — Parbleu ! mon jeune maître, répliqua Dickson, si vous consentez à lui laisser mettre la main assez avant dans votre bourse, il ne vous cherchera pas la moindre querelle. — Je le laisserai donc s’arranger avec mon père, qui ne lui refusera rien, tant que ses demandes seront raisonnables. — En ce cas, repartit l’Écossais, vous pouvez être sûr que notre abbé vous traitera fort bien, et les deux parties seront satisfaites. — C’est bien, mon fils, » dit Bertram se mêlant à la conversation ; « pour que tu sois prêt de bonne heure à faire ton petit voyage, je prie notre hôte de t’envoyer sur-le-champ quelque nourriture ; après ton souper, tu feras sagement de te mettre au lit pour chasser la fatigue du jour : demain nous en réserve encore. — Quant aux engagements que vous avez pris envers ces honnêtes archers,