Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/366

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taine Jekill, d’apprendre au public les circonstances d’une rencontre aussi singulière que celle qui a eu lieu entre votre ami et moi ? — Non, monsieur, j’ai cru que c’était une affaire trop délicate, et sur laquelle chacun de vous avait également intérêt à garder le secret. — Puis-je alors vous demander comment il vous a été possible de justifier mon absence du rendez-vous de sir Bingo ? — Il était seulement nécessaire, monsieur, que je donnasse ma parole de gentilhomme, qu’à ma connaissance personnelle vous aviez été blessé dans une rencontre avec un de mes amis, rencontre dont la prudence ordonnait de laisser les détails dans l’oubli. Je pense que personne n’osera exiger plus que mon assurance… s’il se trouvait quelque incrédule en cette occasion, je trouverais moyen de le satisfaire. En attendant, votre sentence de bannissement a été rapportée de la plus honorable manière ; sir Bingo désire qu’il ne soit plus question de l’ancienne querelle, et il espère que toute l’affaire sera de part et d’autre oubliée et pardonnée. — Sur ma parole, capitaine Jekill, vous me forcez à reconnaître que je vous ai vraiment de l’obligation. Vous avez coupé un nœud que j’aurais eu grand’peine à délier, car je l’avoue franchement, tout déterminé que j’étais à ne pas rester sous le poids de l’accusation déshonorante portée contre moi, il m’eût été extrêmement difficile de sortir d’embarras, sans mentionner des circonstances qui, ne fût-ce que par égard pour la mémoire de notre père, devaient être ensevelies dans un oubli éternel. J’espère que votre ami ne souffre plus de sa blessure. — Sa Seigneurie sera bientôt complètement guérie. — Et j’espère que votre ami me rend la justice d’avouer que je suis tout-à-fait innocent de l’intention de le blesser ? — Il vous rend pleine justice sur ce point et sur tous les autres ; il s’en prend à l’impétuosité de son caractère, contre laquelle il veut se tenir désormais en garde. — Jusqu’ici, tout va bien. Mais maintenant, puis-je vous demander encore une fois quelle communication vous avez à me faire de la part de votre ami ? Si je n’avais pas affaire à un homme que j’ai toujours trouvé faux et traître, votre franchise et votre loyauté me feraient espérer que cette querelle contre nature pourrait se terminer par votre médiation. — Je vais donc commencer, monsieur, et sous des auspices plus favorables que je ne m’y attendais, à remplir ma commission… Vous allez, monsieur Tyrrel, si la rumeur publique ne ment point, intenter un procès à votre frère pour le dépouiller de sa fortune et de son titre. — Vous n’exposez pas fidèlement les faits, capitaine Jekill. Le but du procès que je me pro-