Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/529

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Ainsi donc, si nous avions l’argent qu’il faut, nous pourrions acheter ces bons pâturages, où l’herbe croît de si bonne heure ? — Certainement, ma chère, et Knockdunder, qui s’y connaît, me le conseille fortement. Il est vrai que c’est son neveu qui veut vendre cette terre. — Eh bien ! Reuben, dit Jeanie, vous n’avez qu’à chercher un texte dans l’Écriture, comme vous avez fait une fois que vous y avez trouvé de l’argent ; essayez d’avoir recours encore une fois à la Bible. — Ah, Jeanie ! » dit Butler en riant et lui pressant la main en même temps, » dans notre siècle on ne voit pas deux fois les miracles. — Nous allons voir, » dit Jeanie avec calme ; et ouvrant une armoire où elle gardait son miel, son sucre, ses confitures et ses médecines les plus ordinaires, en un mot qui lui servait à peu près d’office, elle déplaça des fioles et des pots jusqu’à ce que du coin le plus sombre et derrière une triple rangée de bouteilles et de bocaux, elle tira une espèce de vieux bidon fêlé, couvert d’un morceau de cuir attaché par-dessus. Ce secrétaire d’un nouveau genre semblait rempli de papiers sans ordre, d’entre lesquels Jeanie tira une vieille Bible à agrafes, qui avait servi à Davie Deans dans sa jeunesse lorsqu’il était errant à cause des persécutions, et qu’il avait donnée à sa fille quand la faiblesse de sa vue l’avait forcé d’en prendre une imprimée en plus gros caractères. Elle la remit à Butler, qui avait suivi ses mouvements avec quelque surprise, et le pria de voir ce que ce livre pourrait faire pour lui. Il en ouvrit les agrafes, et à son grand étonnement un grand nombre de billets de 50 livres sterling se détacha des feuillets entre lesquels ils avaient tous été mis séparément et vinrent voler sur le plancher. « Je n’avais l’intention de vous parler de mes richesses, Reuben, » lui dit sa femme en souriant, « que sur mon lit de mort ou peut-être dans quelque embarras de famille, mais il vaut mieux les employer à acheter ces riches pâturages que de les laisser dans cette vieille armoire sans en tirer aucun parti. — Mais comment cet argent peut-il vous être venu, Jeanie ? Savez-vous qu’il y a plus de 1,000 livres sterling ? » dit Butler en ramassant les billets et les comptant.

« Il y en aurait dix mille, qu’ils n’en seraient pas moins à nous honnêtement, dit Jeanie, et ma foi, je n’en sais pas trop le compte, seulement il y a là tout ce que j’ai reçu. Et quant à la manière dont cet argent m’est venu, Reuben, je ne puis que vous répéter que je l’ai acquis honorablement ; mais c’est un secret qui est