Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/167

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voyageur courut à son secours ; mais avant qu’il fût arrivé, un coup sur la tête renversa le fermier, et l’un des voleurs, pour achever la victoire, continua de le frapper ; l’autre courut à la rencontre de Brown, en appelant son camarade et lui disant que celui-là était content, ce qui probablement signifiait qu’il ne pouvait plus résister ou se plaindre. Un de ces brigands était armé d’un coutelas, l’autre d’un gourdin ; mais, comme la route était étroite, « s’ils n’ont pas d’armes à feu, pensa Brown, je leur en ferai voir de belles. » Ils arrivèrent à lui, et l’attaquèrent en proférant des menaces épouvantables ; mais bientôt ils reconnurent qu’ils avaient affaire à un homme résolu et vigoureux ; et après avoir échangé deux ou trois coups, l’un d’eux lui dit : « Suis ton chemin dans la bruyère, au nom du diable, nous n’avons rien à démêler avec toi ! »

Brown, ne voulant pas abandonner à leur merci l’infortuné fermier qu’ils allaient voler, si peut-être ils ne l’assassinaient, ne tint nul compte de ces paroles ; et le combat recommençait, lorsque Dinmont, qui venait de reprendre ses sens, se releva, saisit son bâton, et se mit à courir vers le lieu du combat. Comme c’était un antagoniste dont ils avaient eu de la peine à venir à bout, quoiqu’il fût seul et qu’il eût été surpris, les brigands n’attendirent pas qu’il joignît ses forces à celles d’un homme qui leur prouvait qu’il pouvait les occuper tous les deux, et s’enfuirent à toutes jambes à travers les fondrières, poursuivis par Wasp qui avait pris une part glorieuse au combat en attaquant l’ennemi sur les derrières et opérant ainsi une diversion en faveur de son maître.

« Diable ! comme votre chien chasse le gibier, monsieur ! » tels furent les premiers mots que prononça le joyeux fermier qui arrivait la tête baignée de sang, lorsqu’il reconnut son libérateur et son petit compagnon.

« J’espère, monsieur, que vous n’êtes pas dangereusement blessé ? — Oh ! ce n’est rien… ma tête peut supporter une blessure… Cependant je ne les remercie pas, c’est à vous que je rends grâces. Mais maintenant, l’ami, il faut que vous m’aidiez à attraper mon cheval, et que vous montiez en croupe derrière moi, car nous devons nous enfuir comme des belettes, avant que les coquins viennent tomber sur nous ; le reste de la bande ne doit pas être bien loin. » Heureusement ils attrapèrent facilement le galloway, mais Brown faisait quelque difficulté dans la crainte de surcharger l’animal.

« Au diable vos craintes, monsieur ! répondit le fermier ; Dumple pourrait porter six personnes si son dos était assez long. Mais,