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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/236

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son front ; son cœur était en proie aux plus cruelles agitations, pendant que le misérable qui était assis devant lui mâchait tranquillement son tabac, et lançait sa salive dans la cheminée. « Je serais ruiné, complètement ruiné, se dit-il à lui-même, si l’héritier reparaissait, et d’un autre côté, mes anciennes relations avec ces hommes, si elles viennent à être connues, me mettent dans le plus grand danger… mais il faut se décider sur-le-champ… Écoutez, Hatteraick ; je ne puis vous mettre en liberté… mais je puis vous faire enfermer en un lieu d’où vous vous tirerez vous-même… J’ai toujours rendu volontiers service à un vieil ami. Je vous donnerai, cette nuit, le vieux château pour prison, et vos gardiens recevront double ration de grog. Mac-Guffog tombera dans le piège où il vous a fait tomber. Les barreaux de la fenêtre de cette espèce de prison sont rongés par la rouille, la fenêtre n’est pas à plus de douze pieds au-dessus du sol, et la neige est épaisse. — Mais les menottes et le reste ? dit Hatteraick en jetant les yeux sur ses fers. — Attendez, dit Glossin s’approchant d’un petit coffre à outils, et en retirant une petite lime, voilà qui sera pour vous un bon ami. Vous connaissez l’escalier par lequel on descend sur le bord de la mer ? »

Hatteraick agita ses fers dans un transport de joie, comme s’il était déjà en liberté, et fit un mouvement pour étendre vers son protecteur sa main garrottée. Glossin porta le doigt sur sa bouche, en lançant au capitaine un regard expressif, et continua à lui donner des instructions.

« Quand vous vous serez échappé, vous ferez bien de vous rendre à Derncleugh. — Non, mille tonnerres ! cette mine est éventée ! — Diable !… Hé bien, vous prendrez ma barque qui est amarrée au rivage, et elle vous transportera à la pointe de Warroch, d’où vous ne bougerez pas que vous ne m’ayez vu. — La pointe de Warroch ! dit Hatteraick dont le visage reprit sa pâleur. Dans la caverne, je suppose ? J’aimerais mieux tout autre rendez-vous. Cet endroit me déplaît. On assure qu’il y revient… Mais, tonnerres et éclairs ! je ne l’ai jamais craint de son vivant, je ne le craindrai pas après sa mort… Que l’enfer m’engloutisse ! il ne sera jamais dit que Dirk Hatteraick a eu peur d’un chien ou d’un diable… Ainsi donc, j’attendrai là que vous veniez me trouver. — Oui, oui, répondit Glossin. Maintenant il faut que je rappelle mes gens. » Il les appela en effet.

« Je ne puis rien tirer du capitaine Jaxson, comme prétend se nommer le prisonnier, Mac-Guffog ; et il est maintenant trop tard