Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/389

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Pleydell, qu’il n’entend pas conserver son nom de Brown, qu’il va prendre celui de Bertram, pour réclamer le domaine d’Ellangowan. — Et qui a dit cela ? — N’importe qui ! s’écria le colonel ; cela donne-t-il le droit de le retenir en prison ? — Mais, colonel, dit l’avocat, je suis sûr que s’il était reconnu pour un imposteur, vous ne voudriez pas plus que moi lui continuer votre protection. En ami, sir Robert, dites-nous qui vous a donné ces renseignements. — Mais, monsieur Pleydell, une personne particulièrement intéressée à examiner, éclaircir et approfondir cette affaire. Vous m’excuserez si je ne vous en dis pas davantage. — Oh ! bien certainement. Cette personne vous disait donc ?… — Elle me disait que le plan dont je vous parle a été arrêté entre des Bohémiens, des contrebandiers, et autres gens sans aveu ; et que ce jeune homme, qui est fils naturel ou bâtard du dernier Ellangowan, est un imposteur qu’ils mettent en avant, à cause de sa grande ressemblance avec son père. — Et a-t-on jamais connu un fils naturel à sir Bertram ? — Certainement ! Je l’ai positivement connu moi-même ; il l’avait placé comme mousse ou matelot à bord d’un sloop de guerre, ou d’un yacht de la douane, dont un de ses cousins était capitaine. — Très bien, sir Robert ! » dit avec une sorte d’empressement l’avocat, qui voyait le colonel prêt à perdre patience, « vous m’apprenez des choses tout-à-fait neuves. Je vais les vérifier, et si elles se trouvent exactes, je vous réponds que ni le colonel ni moi ne continuerons de nous intéresser à ce jeune homme. En attendant, comme nous nous obligeons tous deux à le représenter pour répondre à toutes les plaintes portées outre lui, vous agiriez très illégalement et compromettriez votre responsabilité en refusant notre caution : réfléchissez-y. — Mais, monsieur Pleydell, vous vous entendez mieux que moi dans ces matières, et puisque vous promettez d’abandonner ce jeune homme… — S’il est reconnu pour un imposteur ! — Cela va de soi-même, sous cette condition j’accepterai votre caution, quoique ce matin un de mes voisins, homme, je puis le dire, obligeant, serviable et civil, qui a aussi beaucoup d’expérience des affaires, m’ait donné l’avis, le conseil de ne pas le faire. C’est lui qui m’a appris que ce jeune homme avait rompu son ban. Mais où trouverons-nous quelqu’un pour rédiger l’acte que vous devez signer ? »

Le conseiller sonna. « Envoyez-moi, dit-il, mon clerc Driver. Je puis, sans vous offenser, sir Robert, ajouta-t-il, dicter moi-même le cautionnement ? »

L’acte fut dressé et signé, et le juge de paix leur ayant délivré