Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/424

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qu’il le vit mort. La chambre située immédiatement au-dessous de la salle des condamnés, étant celle de Glossin, se trouvait vide ; les prisonniers logés à l’étage plus bas entendirent le bruit de la chute de Glossin, suivie de gémissements. Mais, dans ce séjour d’horreur, les plaintes et les cris étaient choses trop ordinaires pour qu’on y prêtât grande attention.

Le lendemain matin, Mac-Guffog, fidèle à sa promesse, arriva de bonne heure. « Monsieur Glossin ! » dit-il à voix basse.

« Appelle-le plus haut ! dit Hatteraick. — Monsieur Glossin, pour l’amour de Dieu, venez-vous ? — Il faudra le porter pour sortir d’ici, répliqua Hatteraick. — Que marmottez-vous là, Mac-Guffog ? cria au même instant le capitaine de la prison. — Venez-vous-en, pour l’amour de Dieu, monsieur Glossin ! » répéta le porte-clefs.

À ce moment le capitaine entra, une lumière à la main. Son étonnement égala son horreur en voyant le corps de Glossin couché en travers sur la barre, dans une position qui prouvait assez qu’il avait cessé de vivre. Hatteraick était tranquillement assis sur son lit, à un pas de sa victime. En relevant Glossin il fut aisé de reconnaître qu’il était mort depuis plusieurs heures. Son cadavre portait des traces extraordinaires de violence. Les vertèbres cervicales avaient été presque entièrement brisées dans la première chute. Diverses marques de strangulation autour de la gorge expliquaient la couleur violette du visage. La tête était tournée sur l’épaule gauche, comme si on lui avait tordu le cou avec une force extraordinaire. Il était évident que l’implacable Hatteraick avait serré avec un acharnement horrible le gosier du malheureux, et qu’il n’avait pas lâché prise avant d’être certain qu’il ne respirait plus. La lanterne foulée aux pieds et mise en pièces était par terre à côté du cadavre.

Mac-Morlan, qui était dans la ville, vint sur-le-champ pour procéder à l’examen du corps de Glossin.

« Qui a amené Glossin ici ? dit-il à Hatteraick. — Le diable. — Et c’est vous qui l’avez tué ? — Je l’ai envoyé en enfer avant moi. — Misérable ! vous avez consommé, par le meurtre du complice de vos crimes, une vie pendant laquelle vous n’avez pas montré une seule vertu. — Une seule vertu ! s’écria le prisonnier ; tonnerre ! j’ai toujours été fidèle à mes armateurs,… toujours j’ai rendu compte de la cargaison jusqu’au dernier sou. À propos ! faites-moi donner une plume et de l’encre, afin que je les instruise de ce qui