Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/131

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craindre qu’un si chaud partisan de la liberté ne se fît pas grand scrupule de dire ou de faire à ce sujet la première chose qui pourrait ensuite lui passer par la tête. Cette idée l’effraya et la tourmenta tellement, qu’elle aurait presque désiré, quelle qu’en eût été la conséquence, n’avoir pas reçu les secours et les services de Lovel et d’Ochiltree dans la soirée précédente.

Pendant qu’elle était livrée à cette agitation d’esprit, elle vit tout-à-coup Oldbuck et Lovel entrer dans la cour. Elle se retira immédiatement de la fenêtre, assez pour n’être pas vue et pour pouvoir observer l’Antiquaire qui s’était arrêté en face du bâtiment, et qui, occupé à montrer les divers écussons de ses anciens propriétaires, semblait prodiguer à Lovel beaucoup de renseignemens, sans doute très curieux, et d’érudition, qu’au regard distrait de son auditeur Isabelle devina aisément devoir être perdus. La nécessité de prendre une résolution devenait pressante ; elle sonna donc un domestique, et lui ordonna de faire entrer les deux messieurs dans le salon, tandis que, par un autre escalier, elle regagna son appartement pour réfléchir, avant de paraître, à la ligne de conduite qu’elle allait adopter. Les visiteurs, suivant l’ordre qu’elle avait donné, furent introduits dans le salon où l’on recevait ordinairement la compagnie.


CHAPITRE XIII.

L’AMANT REPOUSSÉ.


Il fut un temps où je te haïssais, et ce n’est pas encore à présent que je t’aime. Je supporterai pourtant désormais ta présence, qui jadis m’était odieuse ; mais n’espère pas une autre récompense.
Shakspeare. Comme il vous plaira.


Le teint de miss Isabelle Wardour était extrêmement animé quand, après le délai nécessaire à l’arrangement de ses idées, elle se présenta dans le salon.

« Je suis bien aise que vous soyez venue, ma belle ennemie, lui dit l’Antiquaire en la saluant avec un air plein d’affection, car j’avais ici dans mon jeune ami un auditeur des plus réfractaires, ou du moins des moins attentifs, tandis que j’essayais de lui faire connaître l’histoire du château de Knockwinnock. Je crois que les dangers