Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/182

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mais, pour vous oblicher, ainsi que mon honoraple batron, sir Ardhur, le révérend églésiastique, le pon monsié Oltenpuck, et le cheune monsié Lofel, qui est aussi un tigne chentilhomme, che fais fous mondrer qu’il est bossible et très bossible de drouver un zource d’eau ou un petit fontaine cachée sous terre, sans le segours de la bioche ou de la pêche.

— Peste ! dit l’Antiquaire ; j’ai déjà entendu parler de ce sortilège ; mais ce ne sera pas un art très productif dans notre pays. Vous feriez mieux d’aller exploiter ce secret en Espagne ou en Portugal.

— Ah ! mon pon monsir Oltenpuck, c’est qu’il y a l’inquisition et l’auto-da-fé. Moi, simble philosophe, je serais prûlé comme sorcier.

— Et ce serait perdre leurs fagots, dit tout bas Oldbuck à Lovel ; mais si on le flétrissait publiquement comme le plus impudent coquin qui ait jamais existé, il n’aurait que le châtiment qu’il mérite. Voyons, je crois qu’il est sur le point de nous montrer quelques uns de ses tours de passe-passe. »

En effet, l’Allemand s’était avancé vers un petit bois taillis, à quelque distance des ruines, où il affectait d’être très occupé à chercher une baguette qui pût convenir à son opération mystérieuse. Après en avoir coupé, examiné et rejeté plusieurs, il s’arrêta enfin à une petite branche de coudrier terminée en fourche, et qu’il déclara posséder la vertu nécessaire pour l’épreuve qu’il allait tenter. Tenant les deux bouts fourchus de la baguette entre les doigts et le pouce, et l’élevant ainsi toute droite, il se mit à parcourir les ailes ruinées du cloître, suivi du reste de la compagnie qui formait derrière une procession attentive. « Moi croire y pas avoir t’eau ici, dit l’adepte après avoir fait le tour des bâtimens sans avoir remarqué aucune de ces indications qu’il feignait d’y chercher. Il vaut groire que ces moines écossais droufaient l’eau trop froite bour le climat, et qu’ils se condendaient de poire le pon et le confortable fin du Rhin. Mais, ah ! foyez donc ! » En conséquence, tout le monde fixa les yeux sur la baguette qui sembla tourner dans sa main, quoiqu’il prétendit la tenir fortement serrée. « Il y avoir te l’eau ici, c’être certain, » ajouta-t-il ; et se tournant d’un côté et de l’autre, suivant que l’agitation de la baguette divinatoire semblait augmenter ou diminuer, il arriva enfin au milieu d’un enclos vide et découvert, qui avait été jadis la cuisine de l’abbaye, où la baguette se ploya de manière à indiquer presque directement l’endroit qui était au dessous. « C’être ici, dit l’adepte ; et si fous ne drouvez bas un zource