Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/185

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fées, comme moi, de ne pas y ajouter quelques traits pour la rendre parfaite dans ce genre. Mais la voici ; et si vous n’êtes pas disposés à quitter cet ombrage que la chaleur du jour ne soit un peu calmée, et que vous promettiez votre indulgence à ma mauvaise composition, peut-être sir Arthur ou M. Oldbuck voudra-t-il se charger de la lire.

— Non pas moi, dit sir Arthur ; je n’ai jamais aimé à lire tout haut.

— Ni moi non plus, dit Oldbuck, car j’ai oublié mes lunettes ; mais voilà Lovel qui a de bons yeux et une bonne poitrine, car je sais que M. Blattergowl ne lit jamais rien, de crainte qu’on ne suppose qu’il ne lise aussi ses sermons. »

La tâche de lecteur fut donc imposée à Lovel, qui reçut avec un peu d’agitation, des mains de miss Wardour, le manuscrit qu’elle lui remit elle-même avec quelque embarras, et qui était tracé par cette main dont il enviait la possession comme le bien le plus précieux que le monde pût lui offrir ; mais forcé de contenir son émotion, il jeta un moment les yeux sur le cahier comme pour se familiariser avec les caractères, se recueillit, et lut à la compagnie le conte suivant :

les aventures de martin waldeck[1].

C’est dans la solitude de la forêt de Hartz, en Allemagne, et surtout dans les montagnes appelées Blockberg ou plutôt Brockenberg, qu’on place ordinairement la scène des apparitions, des contes de sorciers et de démons. Les occupations des habitans, qui sont la plupart ouvriers mineurs ou bûcherons, sont d’un genre qui semble les rendre plus accessibles à la superstition, et les phénomènes de la nature dont ils sont quelquefois témoins dans l’exercice de leur métier solitaire ou souterrain, sont souvent attribués par eux à l’intervention des esprits ou au pouvoir de la magie. Parmi les contes divers répandus dans ce pays sauvage, il y en a un auquel il est particulièrement attaché, et qui suppose que le Hartz a son démon tutélaire qui s’y montre sous la forme d’un homme des bois d’une stature gigantesque, la tête aussi bien que la taille ceinte de feuilles de chêne, et portant à la main un pin déraciné. Il est certain que plusieurs personnes affirment avoir vu

  1. Le fond de cette histoire est tiré de l’allemand, quoique l’auteur ne puisse se rappeler en ce moment dans laquelle des différentes collections de légendes populaires en cette langue se trouve l’original. a. m.