Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/268

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— Safez-fous que fous prenez un chentilhomme pour un grand coquin !

— Ce ne serait pas le premier gentilhomme qui se serait montré tel, répondit Ochiltree. Mais à quoi bon se quereller ? si vous avez envie de continuer, marchons ; sinon je m’en vais retourner dans la grange de Ringan, sur cette bonne paille d’avoine que j’ai eu tant de peine à quitter, et je remettrai la pioche et la bêche où je les ai prises. »

Dousterswivel réfléchit un moment s’il ne ferait pas mieux de laisser partir Édie, afin de s’assurer exclusivement la totalité des richesses qu’il s’attendait à trouver : mais le manque d’outils pour creuser la terre, et l’incertitude de savoir s’il pourrait fouiller la tombe sans aide à la profondeur nécessaire, surtout la répugnance qu’il éprouvait à braver tout seul la terreur que lui inspirait la tombe de Misticot, depuis la nuit affreuse qu’il y avait passée ; toutes ces considérations, dis-je, le convainquirent qu’il serait hasardeux de risquer seul cette entreprise. Cherchant donc à reprendre le ton de cajolerie qui lui était ordinaire, quoique fort irrité en secret contre le mendiant, il pria son bon ami Édie Ochiltree de marcher devant, et l’assura de son adhésion à tout ce qu’un aussi excellent ami pourrait proposer.

« Allons, c’est bon, dit Édie, marchons, et prenez garde à vos pieds au milieu de l’herbe qui est si haute et de tous ces décombres. Je souhaite que nous puissions conserver notre lumière par ce terrible vent… heureusement que nous avons de temps en temps quelques rayons de lune. »

En parlant ainsi, le vieil Édie, suivi de près par l’adepte, marchait du côté des ruines. Cependant il s’arrêta tout d’un coup, quand il fut arrivé devant.

« Vous qui êtes un savant, monsieur Dousterswivel, et qui savez tant de choses sur les œuvres merveilleuses de la nature, pourriez-vous me répondre sur une question ? Croyez-vous aux revenans et aux apparitions des esprits qui marchent sur la terre ? Voyons, y croyez-vous, oui ou non ?

— Mon bon monsir Édien dit à voix basse et d’un ton suppliant Dousterswivel, est-ce, je vous prie, le lieu et l’heure de faire de pareilles questions ?

— Sans doute que c’est l’un et l’autre, monsieur Dousterswivel ; car je me crois obligé de vous dire qu’il court le bruit que le vieux Misticot revient. Or, ce serait une mauvaise rencontre pour nous