Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/281

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à la clarté des torches ; et les domestiques papistes, et Ringan Aikwood, qui est papiste aussi, doivent tous y être. Cela fera le plus beau coup d’œil qu’on ait jamais vu.

— Ma fille, mon enfant, répondit la néréide, s’il n’y va que des papistes, il n’y aura pas foule dans ce pays ; car, comme le dit l’honnête M. Blattergowl en parlant de l’église catholique, la vieille prostituée n’a pas grand monde qui boive à sa coupe d’enchantement sur ce coin de terre d’élus. Mais quelle idée ont-ils donc d’enterrer la vieille dame (et c’était une rude maîtresse) ainsi de nuit ? Il y a à parier que la grand’mère saura cela. »

Ici, élevant la voix, elle appela deux ou trois fois : « Grand’mère ! grand’mère ! » mais, plongée dans l’apathie de la vieillesse et affligée de surdité, la vieille sibylle à laquelle elle s’adressait continuait de tourner son fuseau, sans entendre l’appel qui lui était fait.

« Parlez à votre grand’mère, Jenny. Quant à moi, j’aimerais mieux héler la barque à un demi-mille d’ici avec un vent nord-ouest qui me soufflerait dans la figure.

— Bonne maman, dit la petite naïade d’une voix plus familière à la vieille femme, ma mère demande pourquoi les Glenallan enterrent toujours les leurs à la lueur des torches dans les ruines de Saint-Ruth. »

La vieille femme s’arrêta au moment où elle tournait son fuseau ; elle se retourna vers le reste de la famille, leva sa main jaune, tremblante et desséchée, et montra un visage terreux et ridé, qui ne différait de celui d’un cadavre que par le mouvement assez vif de deux yeux d’un bleu clair ; et comme si un point de contact l’eût associée de nouveau au monde des vivans, elle répondit : « L’enfant ne demande-t-elle pas pourquoi les Glenallan enterrent leurs morts à la lueur des torches ? est-il donc mort depuis peu un Glenallan ?

— Nous pourrions tous mourir et être enterrés, dit Maggie, que je crois que vous ne vous en apercevriez pas. » Puis, élevant la voix de manière à se faire entendre de sa belle-mère, elle ajouta : « C’est la vieille comtesse, bonne mère.

— Et a-t-elle enfin quitté ce monde ? » dit la vieille femme d’une voix qui indiquait plus d’agitation que son extrême vieillesse et l’apathie générale de son caractère n’en semblaient susceptibles. « Est-elle enfin appelée à rendre son dernier compte, après un si long cours d’orgueil et de tyrannie ? Dieu, daigne lui pardonner !

— Mais maman demandait, reprit la jeune fille, pourquoi la famille des Glenallan enterre toujours ses morts à la lueur des torches ?