Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/365

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protestant pouvait se montrer aussi digne de confiance qu’un catholique. Je suis doublement intéressé à défendre la foi protestante, milord : un de mes ancêtres, Aldobrand Oldenbuck, imprima la célèbre Confession d’Augsbourg : je puis même vous en montrer l’édition originale que je possède ici.

— Je n’ai pas le moindre doute à ce sujet, monsieur Oldbuck ; reprit le comte. Croyez que ce n’est pas non plus un esprit de prévention et d’intolérance qui m’a fait parler ; mais il est présumable que l’intendant protestant favorise l’héritier protestant plutôt que l’héritier catholique : si toutefois mon fils a été élevé dans la foi de son père, ou si, devrais-je dire plutôt, il vit encore.

— Il faut réfléchir sérieusement à cela, dit Oldbuck, avant de rien risquer. Il y a un littérateur de mes amis à York, avec lequel je suis depuis long-temps en correspondance au sujet d’une corne saxonne qui est conservée dans la cathédrale. Il y a six ans que nous nous écrivons, et jusqu’à présent nous n’avons encore réussi qu’à déchiffrer la première ligne de l’inscription. Je vais écrire tout de suite à ce gentilhomme, le docteur Dryasdust, et lui demander des renseignemens exacts sur la réputation de l’héritier de votre frère, sur celui qui est chargé de ses affaires, enfin sur tout ce qui peut servir d’éclaircissemens à Votre Seigneurie. Pendant ce temps elle s’occupera à recueillir les preuves de son mariage, qui, j’espère, pourront être retrouvées.

— Sans aucun doute, répondit le comte ; les témoins que nous prîmes soin dans le temps de soustraire à vos recherches existent encore. Mon précepteur, qui solennisa le mariage, fut pourvu d’une cure en France ; il est revenu depuis peu, ayant émigré d’un pays où il a été victime de son zèle et de sa fidélité envers la légitimité et la religion.

— Voilà au moins un heureux résultat de la révolution française on ce qui vous touche, dit Oldbuck, vous devez en convenir, milord ; mais ne craignez rien, j’agirai avec autant de chaleur dans vos affaires que si j’étais de votre croyance en politique et en religion. Et croyez-moi, si vous voulez qu’une affaire majeure soit bien traitée, mettez-la entre les mains d’un antiquaire ; car, par la raison qu’il exerce continuellement son génie dans la recherche des petites choses, il est impossible qu’il ne réussisse pas dans les grandes. C’est l’habitude qui conduit à la perfection ; ainsi le corps qu’on exerce le plus souvent à la parade, est celui qui agira avec le plus de promptitude un jour de bataille. Je lirai volontiers à Votre