Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/369

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— Oh ! quant à cela, dit Caxon, personne ne croit que Votre Honneur voulût combattre eu personne, et qu’il lui en coûtât seulement un sou pour l’un ou l’autre parti.

— Diantre ! c’est là l’opinion des démocrates ? Mais que dit le reste de Fairport ?

— Ma foi, répondit l’ingénu Caxon, je ne puis pas dire que cela vaille beaucoup mieux. Le capitaine Coquet, qui fait partie des volontaires, celui qui doit être le nouveau collecteur, et quelques uns des gentilshommes du club des bleus, disent qu’il est dangereux de laisser ainsi parcourir le pays à des papistes, comme le comte de Glenallan qui peut avoir tant d’amis en France, et… Mais vous allez peut-être vous fâcher.

— Non, non, Caxon, décharge toute la mitraille du capitaine Coquet ; je suis en état d’y résister.

— Eh bien donc ! on dit, monsieur, que comme vous n’avez pas appuyé la pétition au sujet de la paix, que vous vous êtes opposé à celle d’un nouvel impôt, et qu’on vous a toujours vu faire intervenir le corps des fermiers dans les émeutes du peuple, afin d’arranger les choses avec les constables ; d’après tout cela, on dit que vous n’êtes pas un véritable ami du gouvernement, et que ces sortes d’entrevues entre un seigneur aussi puissant que le comte et un homme aussi savant que vous, sont suspectes, et méritent qu’on s’en occupe. Il y en a qui disent qu’on ne ferait pas mal de vous envoyer tous deux à la forteresse d’Édimbourg.

— Sur ma parole, dit l’Antiquaire, je suis infiniment obligé à mes voisins de la bonne opinion qu’ils ont de moi. De sorte que moi, qui ne me suis jamais mêlé de leurs querelles, moi, qui ai toujours recommandé les mesures paisibles et modérées, je suis livré par les deux partis comme un homme capable du crime de haute trahison contre le roi ou contre le peuple ! Donnez-moi mon habit, Caxon, donnez-moi mon habit ; il est heureux que ma réputation soit faite en dépit de leurs rapports. Y a-t-il quelque nouvelle de Taffril et de son vaisseau ? »

Caxon prit un air mélancolique. « Non, monsieur, les vents sont hauts, et c’est une terrible côte que la nôtre, pour croiser par ces vents de l’est. Les écueils s’élèvent si haut, qu’un vaisseau vient s’y briser en moins de temps que je n’ai aiguisé mon rasoir ; et puis c’est qu’il n’y a aucune baie, aucun endroit de refuge sur notre côte ; ce ne sont que des rochers et des brisans. Un vaisseau qui vient échouer sur nos bords vole en poussière, comme la pou-