Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/441

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plus de grâce en vérité que je n’en attendais, et que je n’en mérite.

— Je veux dire un point par excellence, continua l’Antiquaire ; j’ai quelquefois pensé que vous aviez jeté les yeux sur miss Wardour.

— Hé bien, monsieur ! répondit Hector d’un air fort calme.

— Le diable l’emporte avec son Hé bien, monsieur ! s’écria son oncle ; il me répond avec autant de tranquillité que si c’était la chose du monde la plus simple, que lui, simple capitaine dans l’armée, et rien de plus, pensât à épouser la fille d’un baronnet.

— J’ose croire, monsieur, dit le jeune Écossais, que sous le rapport de la famille, ce ne serait pas une mésalliance pour miss Wardour.

— Oh ! que le ciel nous préserve d’attaquer un tel sujet ! non, non : égalité parfaite des deux côtés ; tous deux portés sur le tableau de la noblesse du pays, et ayant également le droit de regarder avec mépris la classe entière des roturiers en Écosse.

— Et du côté de la fortune nous sommes sur un pied à peu près égal, puisque nous n’en avons ni l’un ni l’autre, continua Hector. Il peut donc y avoir erreur dans mon choix, mais non pas présomption.

— Oui ; mais voilà où gît l’erreur, puisque c’est ainsi que vous l’appelez : c’est qu’elle ne vous aime pas, Hector.

— Vous le croyez, monsieur ?

— J’en suis certain ; et pour vous en convaincre davantage, je vous apprendrai qu’elle en aime un autre. Elle s’est méprise sur le sens de quelques mots que je lui dis une fois, et depuis j’ai été à même de deviner l’interprétation qu’elle leur avait donnée. Alors j’étais incapable de m’expliquer sa rougeur et son embarras ; mais en me les rappelant maintenant, je les regarde, mon pauvre Hector, comme un signal de mort pour vos espérances et vos prétentions. Je vous conseille donc de battre en retraite, et de retirer vos forces le plus tôt que vous pourrez, car il y a une trop bonne garnison dans le fort pour que vous puissiez le prendre d’assaut.

— Je n’ai pas besoin de battre en retraite, mon oncle, » dit Hector en se tenant fort droit et marchant avec une espèce de gravité boudeuse et offensée. « Il n’y a pas lieu à se retirer quand on ne s’est pas avancé. Il y a en Écosse d’autres femmes que miss Wardour, et d’une aussi bonne famille.

— Et d’un meilleur goût. Sans aucun doute, il y en a, Hector ; et quoique je doive avouer que c’est une des femmes les plus sensées et les mieux élevées que je connaisse, cependant je doute fort