Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/456

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scelestam, dit Oldbuck, deseruit pœna[1]… les épicuriens eux-mêmes en convenaient… Mais que fîtes-vous alors ?

J’écrivis à M. Neville à ce sujet, mais sans effet… J’obtins ensuite un congé et vins me jeter à ses pieds, le conjurant d’achever la communication que Theresa avait commencé à me faire. Il me refusa, et, sur mes instances, me reprocha avec indignation les faveurs dont il m’avait comblé… Je trouvai qu’il abusait des droits d’un bienfaiteur, puisqu’il avait été forcé de convenir qu’il avait peu de titres à ceux d’un père. Je renonçai alors au nom de Neville et pris celui sous lequel vous m’avez connu. Ce fut à cette époque que, demeurant auprès d’un ami qui favorisait mon déguisement, je fis la connaissance de miss Wardour, et fus assez romanesque pour la suivre en Écosse. Mon esprit flottait entre plusieurs projets pour l’avenir, mais je résolus enfin de faire une dernière tentative auprès de M. Neville pour en apprendre le secret de ma naissance… Je fus long-temps avant de recevoir sa réponse ; vous étiez présent lorsqu’elle me fut remise. Il m’informait du mauvais état de sa santé, et me suppliait, dans mon propre intérêt, de ne pas chercher à découvrir le degré de parenté qui nous unissait et la nature de mes rapports avec lui, mais de me contenter de l’assurance qu’ils étaient assez proches et assez intimes pour l’autoriser à me constituer son héritier. Au moment où je me préparais à l’aller joindre, un second exprès m’apporta la nouvelle qu’il avait cessé d’exister. La possession d’une aussi grande fortune ne put me distraire du remords que j’éprouvais en songeant à ma conduite envers mon bienfaiteur, et quelques expressions de sa lettre qui semblaient indiquer qu’une tache plus honteuse que celle de l’illégitimité même avait souillé ma naissance, excitèrent toute mon inquiétude en me rappelant les préjugés de sir Arthur.

— Et vous vous rendîtes malade à force de nourrir des idées aussi mélancoliques, au lieu de venir me consulter et de me raconter toute votre histoire ?

— Il est vrai : vinrent ensuite mon duel avec le capitaine Mac Intyre, et la nécessité d’abandonner Fairport et son voisinage.

— Et de faire vos adieux à miss Wardour, à la Calédoniade…

— Vous l’avez dit.

— Et depuis ce temps vous vous êtes occupé, je suppose, de projets pour secourir sir Arthur ?

— Oui, monsieur, avec l’aide du capitaine Wardour. À Édimbourg.

  1. Rarement le coupable échappe au châtiment. a. m.