Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/457

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— Et ayant ici Édie Ochiltree pour coadjuteur… Vous voyez que je suis au courant de toute l’histoire… Mais comment aviez-vous tous ces lingots ?

— C’était une quantité d’argenterie qui avait appartenu à M. Neville, et qui avait été laissée en dépôt chez quelqu’un de Fairport ; quelque temps avant sa mort il avait envoyé l’ordre de la faire fondre.

— Maintenant, major Neville, ou plutôt permettez-moi de dire Lovel, car je me plais surtout à vous appeler ainsi, je crois que vous aurez bientôt à changer ces deux noms contre celui de l’honorable William Geraldin, ou plutôt lord Geraldin. »

L’Antiquaire lui raconta alors avec détail les circonstances étranges et mélancoliques de la mort de sa mère.

« Je n’ai pas de doute, ajouta-t-il, que votre oncle ne voulût faire croire que l’enfant né de ce malheureux mariage n’existait plus… peut-être lui-même avait-il en vue l’héritage de son frère. C’était alors un jeune homme étourdi et dissipé… Mais votre récit et l’histoire de Theresa l’acquittent également d’avoir jamais eu la moindre intention malveillante contre votre personne, malgré les soupçons que l’agitation où il avait paru devant Elspeth lui avaient fait concevoir. Maintenant, mon cher ami, que ce soit moi qui aie le plaisir de vous conduire dans les bras de votre père. »

Nous n’essaierons pas de décrire une telle entrevue. Les preuves des deux côtés furent complètes et ne laissèrent rien à désirer, car M. Neville avait écrit un récit exact de tout cet événement, et l’avait renfermé dans un paquet qu’il avait laissé entre les mains de son intendant de confiance, avec l’ordre de ne le laisser ouvrir qu’après la mort de la vieille comtesse. Le motif qui lui avait fait garder si long-temps le secret était sans doute la crainte de l’effet que pourrait produire une telle découverte sur un caractère aussi violent et aussi impérieux que le sien.

Le soir de ce jour mémorable, les tenanciers et volontaires de Glenallan burent à la prospérité de leur jeune maître. Un mois après, lord Geraldin épousa miss Wardour, et ce fut l’Antiquaire qui fit présent à la mariée de la bague nuptiale, qui était un anneau d’or massif d’un travail antique, sur lequel était gravée la devise d’Aldobrand, Kunst macht gunst[1].

Le vieil Édie, l’homme le plus important qui ait jamais porté une robe bleue, prend ses aises et va tantôt chez un ami et tantôt chez un autre, et se vante de ne jamais voyager que par un jour de so-

  1. L’adresse et la persévérance conduisent au succès. a. m.