Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/28

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réunies sur l’ancienne histoire et sur les coutumes d’Écosse, m’a raconté qu’à une assemblée publique à l’occasion d’un feu de joie dans la ville de Donne, Rob-Roy offensa James Edmonstone de Newton, le même gentilhomme qui fut malheureusement impliqué dans l’assassinat de lord Rollo (Voyez les Causes criminelles de Mac-Laurin, n° ix), et qu’Edmonstone força Mac-Gregor à sortir sur-le-champ de la ville, sous peine d’être jeté par lui dans le feu de joie. « Je vous ai déjà brisé une côte dans une autre occasion, dit-il, et maintenant, Rob, si vous me défiez davantage, ce sera la tête que je vous casserai. » Mais il faut se rappeler qu’Edmonstone jouait un rôle important dans le parti jacobite, puisqu’il tenait l’étendard de Jacques VII, à la bataille de Sherrif-Muir, et qu’aussi il était presque à la portée de sa maison, et sans doute au milieu de ses amis et vassaux. Pourtant Rob-Roy fit tort à sa réputation en se retirant à une telle menace.

Un autre exemple bien connu est celui de Cunningham de Boquhan.

Henri Cunningham, esquire de Boquhan, était un gentilhomme du Stirlingshire, qui, comme la plupart des merveilleux de notre temps, unissait beaucoup d’énergie naturelle, et un caractère audacieux, à une affectation de recherche dans ses discours et dans ses manières, qui allait jusqu’au ridicule[1]. Il se trouvait par hasard de compagnie avec Rob-Roy, qui, soit mépris pour la mollesse supposée de Boquhan, soit qu’il crût pouvoir, sans aucun danger, lui chercher querelle (considération que ses ennemis l’accusent d’avoir souvent pesée), l’insulta si grossièrement, qu’il s’ensuivît une provocation à un combat singulier. La maîtresse du logis avait caché l’épée de Cunningham, et tandis qu’il fouillait par toute la maison pour trouver la sienne ou une autre, Rob-Roy se rendit à Shieling-Hill, lieu marqué pour le combat, et s’y pavana avec arrogance, attendant son antagoniste. Cependant Cunnin-

  1. Son courage et son affectation du ridicule étaient unis à une grande modestie naturelle, ce qui arrive fort rarement. Voici son portrait dans les vers satiriques de lord Binning, intitulés Argyle’s Levee :
    « Harry avait salué six fois sans être aperçu, avant d’oser avancer. Le duc alors, regardant autour de lui avec complaisance, dit : « Vous avez été en France ; je n’avais jamais vu jusqu’ici un homme plus poli et plus gracieux. » Alors Harry salua, rougit, et gagna la porte, bouffi d’orgueil.
    Voyez une collection de poésies originales, par des gentlemen écossais ; vol. II, page 125. a. m.