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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 2.djvu/285

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J’aurois été moi-même assez extravagant
Pour épouser aussi ma premiere amourette,
Si l’on n’eût retenu ma jeunesse indiscrette.

Doligni fils.

Mais je ne connois point Mademoiselle Argant.

Doligni pere.

Ni moi : mais elle aura vingt mille écus de rente.

Doligni fils.

Eh ! quand elle en auroit quarante !

Doligni pere.

Ce seroit encor mieux.

Doligni fils.

Ce seroit encor mieux.N’avez-vous pas du bien ?

Doligni pere.

Il le faut augmenter ; sinon, il vient à rien.

Doligni fils.

J’ignore comme elle est d’esprit & de figure.

Doligni pere.

Elle est riche. À l’égard de l’esprit, je t’assure
Qu’une femme à la longue en a toujours assez.
Elle est jeune, au surplus ; & tout ce que j’en sçais,
C’est qu’à quinze ou seize ans on est du moins jolie.

Doligni fils.

Qui sçait si le rapport d’humeurs…

Doligni pere.

Qui sçait si le rapport d’humeurs…Autre folie !
En tout cas, tu feras comme les autres font.
Qui s’embarque, est-il sûr de faire un bon voyage ?
À quoi sert l’examen avant le mariage ?