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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 2.djvu/306

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(à La Fleur, qui rit.)
De quoi ris-tu ? Dis donc.

La Fleur.

De quoi ris-tu ? Dis donc.D’un tour assez falot,
Dont la suivante d’Arthénice
Vient, à votre sujet, de régaler un sot.
J’étois dans l’antichambre à causer avec elle,
En tout bien, tout honneur…

Le Marquis.

En tout bien, tout honneur…Eh ! tâche d’abréger.

La Fleur.

Nous parlions d’amitié, quand la fausse femelle
A pensé me dévisager.
« Va-t-en, m’a-t-elle dit, au diable, avec ton Maître.
» Depuis assez long-tems, il a dû reconnoître
» Qu’il prend un inutile soin.
» Ma maîtresse n’en veut, ni de près, ni de loin. »
Alors, tout ébaubi, j’ai détourné la tête :
C’est que le vieux baron lui-même, à pas de loup,
Venoit d’arriver tout-à-coup,
Qui mordant à la grappe, & d’un air tout honnête,
Accompagné pourtant d’un geste cavalier,
M’a flatté, si jamais le hasard me ramene,
Qu’il auroit la bonté de m’épargner la peine
De descendre par l’escalier.

Le Marquis.

Je voudrais qu’il osât te faire cette grace.

La Fleur.

Eh ! non pas, s’il vous plaît ; souffrez que je m’en passe.