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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 2.djvu/309

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Et vous indisposez le public contre vous.

Le Marquis.

Ah ! s’il a de l’humeur, que veux-tu que j’y fasse ?
Peut-on empêcher les jaloux ?
Crois-moi, va, je connois le monde ;
On n’y blâme que ceux qu’on voudroit imiter.

La Fleur.

En faux raisonnemens votre morale abonde.
Mais, encore une fois, sçachez vous limiter.
Si vous ne changez pas tout-à-fait de conduite,
Empêchez que du moins on n’en parle en tous lieux.
Madame votre mere en pourroit être instruite.
Elle a beau vous aimer, elle ouvrira les yeux.
Vous avez une sœur, qu’elle vous sacrifie :
Songez-y ; je vous signifie
Qu’elle pourroit fort bien la tirer du Couvent,
Pour lui faire, avec vous, partager l’héritage,
Et peut-être encor davantage.
Vous sçavez que Monsieur l’en presse assez souvent.

Le Marquis.

Eh ! ventrebleu ! va-t-en faire un tour à l’office,
Et rêver, en bûvant, aux moyens les plus prompts
De refaire ma bourse & de me mettre en fonds.
Le vin te fournira quelque heureux artifice.

La Fleur.

Pour boire, je boirai.

Le Marquis.

Pour boire, je boirai.Va donc, sois diligent.