Aller au contenu

Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 2.djvu/317

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mad. Argant.

Il n’en est pas besoin ; restez.
J’exigerois de vous une entiere franchise.

Le Marquis.

Mon cœur vous est ouvert.

Mad. Argant.

Mon cœur vous est ouvert.Vous me la promettez ?

Le Marquis.

Dans la sincérité mon ame est affermie ;
J’en fais profession, & sur-tout avec vous.

Mad. Argant.

Votre mere ne veut être que votre amie.

Le Marquis.

C’est unir à la fois les titres les plus doux.

Mad. Argant.

À votre âge, mon fils, & fait comme vous êtes,
Recevant dans le monde un accueil enchanteur,
On a dû vous dresser mille embûches secrettes,
Pour obtenir de vous un hommage flatteur.
Quand vous auriez cédé, par goût ou par foiblesse,
J’excuserois votre jeunesse ;
Je fermerois les yeux. Parlez-moi franchement.
Vous passez pour avoir un tendre attachement :
C’est une Beauté rare, & qu’on m’a fort vantée,
Mais à quoi votre sort ne peut pas être joint…
Vous rougissez, mon fils, & ne répondez point.
Si votre ame, à présent, un peu trop enchantée,
Ne peut abandonner ce dangereux vainqueur,
J’attendrai que le tems vous rende votre cœur,