Aller au contenu

Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 2.djvu/318

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et vous mette en état d’entrer sans répugnance
Dans des projets, pour vous, formés dès votre enfance,
Et que, jusqu’à ce jour, je n’ai point négligés.

Le Marquis.

Ah ! vous méritez tout ce que vous exigez.
Oui, l’on vous a dit vrai : mais soyez plus tranquille.
C’est un amusement frivole & passager,
Que mon cœur, sans vouloir autrement s’engager,
S’est fait depuis peu par la Ville,
Seulement pour remplir un loisir inutile.
Pareil attachement, (si pourtant c’en est un,)
Ne tient qu’autant qu’on veut ; la rupture est facile :
Rien n’est plus simple & plus commun.
De semblables romans n’ont pas pour Héroïnes
Des personnes assez divines
Pour fixer, sans retour, ceux qui leur font l’honneur
D’offrir quelque encens à leurs charmes.
C’est l’espoir assuré d’un facile bonheur
Qui fait que l’on s’abbaisse à leur rendre les armes.
Elles n’allument point de véritables feux ;
Et l’on est leur Amant, sans en être amoureux.

Mad. Argant.

Que le mépris que vous en faites
Augmente mon estime, & mon amour pour vous !
Ah ! mon fils, pardonnez mes frayeurs indiscrettes.
Votre établissement est l’objet le plus doux
Que ma tendresse se propose ;
Et j’y travaille utilement.