Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 2.djvu/333

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Doligni pere.

Puis-je vous consoler ?Non.Pourquoi, je vous prie ?
Vous me revoyez donc d’un œil bien différent ?

Monsieur Argant.

Mon amitié pour vous ne s’est point affoiblie.
Puis-je me consoler, quand moi-même je crains
De vous plonger bientôt dans les plus grands chagrins.

Doligni pere.

Je n’en prends jamais pour mon compte ;
Je n’ai que ceux de mes amis.

Monsieur Argant.

Ma femme, & j’en rougis de honte,
Me veut faire manquer à ce que j’ai promis.
Éprise, pour son fils, d’une amitié trop tendre,
Elle pense à lui seul, & ne veut point de gendre.

Doligni pere.

Je le sçavois déjà. Je vous dirai de plus,
Que je vous rends votre promesse.

Monsieur Argant.

Vous croyez que ma femme en sera la maîtresse ?

Doligni pere.

N’ayez point, là-dessus, de débats superflus.
Par une autre raison qui n’est pas moins contraire,
Ce mariage-là n’auroit pas pû se faire.
Mon fils, à ce sujet, implore ma pitié.
Il aime éperdûment une jeune personne
Digne de sa tendresse & de mon amitié.

Monsieur Argant.

Il a donc votre aveu ?