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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 2.djvu/334

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Doligni pere.

Il a donc votre aveu ?Mais oui, je le lui donne.

Monsieur Argant.

Hélas !

Doligni pere.

Hélas !Son choix fera mon bonheur & le sien.

Monsieur Argant.

J’espérois pour ma fille une chaîne si belle,
Et qu’un jour votre fils seroit aussi le mien.
D’ailleurs, cette beauté qu’il aime, quelle est-elle ?

Doligni pere.

Marianne.

Mr. Argant.

Marianne.Ma niece ?

Doligni pere.

Marianne.Ma niece ?Oui, depuis quatre mois,
Il n’a pas pû la voir sans y fixer son choix.

Monsieur Argant.

Marianne est l’objet dont son ame est charmée ?

Doligni pere.

La présence décide ; on se prend par les yeux :
S’il eût vû votre fille, il l’eût sans doute aimée.

Monsieur Argant.

Son choix revient au même : il n’en sera pas mieux.
Voyez en même-tems ma douleur & ma joye.
Ouvrez-moi votre sein ; que mon cœur s’y déploye :
Comme un dépôt sacré, recevez un secret
Que ma tendre amitié vous taisoit à regret.
Cette jeune orpheline, où tant de beauté brille,
Que votre fils adore, & que vous chérissez…